« Je suis Iron Man » : ainsi s’achevait la première adaptation des aventures de Tony Stark, le super-héros pour qui « discrétion » rime avec « à quoi bon ? » et dont le caractère contraste sérieusement avec celui de ses collègues. Là où les autres tentent de sauvegarder tant bien que mal la limite entre la personne privée et le personnage public en se la jouant modeste, le patron de Stark Industrie se paye des shows démesurés en exhibant son armure rutilante et ne rate ni caméra de télévision ni occasion de se mettre en avant. Le moi est une source de profondes interrogations pour les justiciers torturés ? Il est ici la réponse unique et implacable à toutes les questions qui ont le culot de se poser. Cet état d’esprit assez rafraichissant est donc plus que jamais présent dans Iron Man 2, de Jon Favreau (et avec, puisqu’il incarne toujours Happy Hogan, le fidèle homme à tout faire).

Un autre aspect qui était abordé à la fin du précédent volet (à la toute fin même puisque les productions Marvel se font une spécialité de fournir des scènes supplémentaires après le générique) et qui est ici plus longuement développé, c’est le rôle de Samuel Lee Jackson en tant que Nick Fury, le directeur de l’organisation secrète du SHIELD. S’il n’est pas au cœur de l’intrigue, il prend un poids inédit après les mises en bouche des ultimes secondes de Iron Man 1 et Hulk 2. Le personnage de Scarlett Johansson découle ainsi de cette nouveauté qui n’apporte toutefois rien de plus que d’habitude : faire le lien avec les autres aventures estampillées Marvel et sous-entendre qu’au bout d’un moment tout va s’emboîter et que ça va faire mal, ah ça oui. On a hélas l’impression que cette volonté de profondeur dessert le film en cassant le rythme, comme si l’ensemble manquait de souplesse.

Il faut reconnaître qu’Iron Man 2 ne cherche absolument pas l’originalité du point de vue du scénario. En même temps, ce n’est pas vraiment de ce côté-là qu’on attend quelque chose. On aurait quand même apprécié un peu plus d’audace ou au moins de surprise, mais ce n’est définitivement pas le cas. Force est d’admettre cependant que Mickey Rourke fait un méchant idéal. Lancé et relancé au cours de sa carrière tant par des films d’auteur que des films d’action, il trouve ici un rôle de blockbuster sur mesure.

En fait, le film repose essentiellement sur ses personnages et la sympathie qu’ils engendrent. Mieux vaut alors accrocher, sinon c’est l’ennui assuré. Mais là encore le problème est le même : il n’y a pas d’originalité par rapport au premier. Les rapports entre Stark et ses acolytes sont identiques quasiment en tout point, qu’il s’agisse de son meilleur ami Jim Rhodes (interprété cette fois ci par Don Cheadle) ou de sa secrétaire Pepper Potts (toujours Gwyneth Paltrow). L’impression d’un copier-coller avec le premier épisode est assez forte, même si Robert Downey Jr se démène (très bien, comme d’habitude) pour donner de l’énergie à l’ensemble. C’est sympathique, mais ça peut lasser.

Bref, on a là un pur produit hollywoodien super-héroïque et la déception reste assez mesurée si on sait ce qu’on va voir. Iron Man est la part cool du genre, là où tout est fun. Si vous voulez entrer dans un monde où les seules victimes sont en pierre, en verre ou en métal, où les marchands d’armes sont des rock stars (le personnage de Justin Hammer, concurrent de Stark, apparaît) et où latex, acier et jolies lumières qui brillent sont omniprésents, alors Iron Man 2 est pour vous. Le film est en outre accompagné d’une bande originale à son image : rock et sans risque. Les Clash, Queen, AC/DC ou encore Daft Punk (Robot Rock, of course…) vous feront frétiller sur votre siège mais peuvent également vous donner un doute sur la nature de ce que vous avez sous les yeux. Est-ce un film ou un clip ?

 

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