Dans le Japon médiéval, Ichi est une jeune femme orpheline, aveugle de naissance, qui gagne sa vie en jouant de la musique de village en village. Mais derrière ses airs fragiles, celle-ci cache un talent exceptionnel dans l’art de manier le sabre. Un jour, elle sauve la vie d’un samouraï errant aux prises avec les hommes de Banki, un redoutable brigand. Elle devient à son tour l’ennemie jurée de la bande de hors-la-loi…

Depuis Zatoichi, le personnage du samouraï aveugle (et néanmoins coriace) est devenu une figure incontournable du film de sabre, et Ichi en est une variante féminine. L’héroïne est interprétée par Haruka Hayase, joli brin de fille, née à Hiroshima, dont la bio officielle va jusqu’à préciser les mensurations — 88-61-91, 1,65m, soit d’élégantes proportions pour un samouraï.

Haruka, en matière d’art dramatique, a dans Ichi bien peu de choses à faire. Invincible, elle découpe sans sourciller, et sans jamais varier d’expression, tout un contingent de malfrats qui, au contraire de la demoiselle, rivalisent de grimaces grotesques, comme pour signifier qu’ils sont vraiment très méchants. Le chef des bandits, Banki, porte, lui, les stigmates de sa vilénie : horriblement brûlé au visage, il dissimule son œil droit perdu par un demi-masque de cuir. Ses acolytes et lui tiennent sous leur coupe un petit village jadis tranquille, où ils font régner la terreur.

Les puristes du chanbara ne manqueront pas de relever la nature non-authentique d’Ichi, production destinée manifestement au marché international. Le film est à la croisée des cinémas japonais et occidentaux avec une intrigue et un décor de western revendiqués (le duel final, dans l’artère principale poussiéreuse du village, renvoie tout droit aux règlements de compte chers aux cinémas US et italien, les sabres remplaçant les colts). La présence au générique de la chanteuse Lisa Gerrard est une autre curiosité. L’Australienne livre une bande originale d’inspiration beaucoup moins nipponne que celtique, et c’est elle que vous entendrez chanter — en anglais — pendant le générique de fin.

Personnellement, j’avoue que ce mélange des cultures ne me dérange guère. Plus gênante, en revanche, est la difficulté du réalisateur Fumihiko Sori à trouver un ton juste. Ichi bascule sans cesse du tragique au comique, l’un polluant l’autre au point qu’on en vienne à ricaner là où on est sensé s’émouvoir (voir le récit des « tristes » déboires de Toma, le samouraï errant secouru par Ichi en début de métrage). Même topo concernant la caractérisation des personnages, les rictus ridicules affichés par les brigands, aux faciès aussi figés que des masques de kabuki, entamant très largement leur crédibilité de hors-la-loi impitoyables. Reste quelques jolis morceaux de bravoure au fil du sabre réglés par Hiroshi Kuze, dont le dossier de presse stipule qu’il collabora jadis avec Akira Kurosawa sur Ran.

Dvd et blu-ray sont disponibles depuis le 8 juin 2011 (Opening).

Durée : 118′

Image : 1.77, 16/9 compatible 4/3

Son : Japonais 2.0, français 2.0 et 5.1

Sous-titres : français

Bonus :