Mirage appartient à la caste des Chasseurs, des espions et/ou assassins entraînés depuis l’enfance aux arts du combat. Elle enchaîne les missions sans réelle importance depuis des mois et aspire à un contrat qui la fera rentrer dans la légende des Chasseurs. Son souhait est exaucé lorsqu’un ancien compagnon d’armes et Chasseur, Eclipse, lui propose d’enquêter sur un assassinat particulier. Il s’agit en effet de retrouver l’assassin, d’une école concurrente de Chasseurs, d’une sorcière renommée. De ce postulat découle l’intrigue bien ficelée de Guerrière.

Les premiers chapitres suivent les pérégrinations des deux chasseurs d’une part et la vie de l’apprentie sorcière Miryo. Celle-ci apprend au terme de son apprentissage qu’elle doit tuer sa jumelle, qu’elle ne connaît pas qui se trouve de fait être la Chasseuse Mirage.
Il faut redéfinir le terme de sorcière dans ce roman. S’il conserve certaines caractéristiques de l’imaginaire populaire (les sorcières sont majoritairement rousses et sont tantôt appréciées tantôt considérées d’un mauvais oeil), cet ordre de sorcières possède un poids politique et religieux.

L’intrigue nous fait suivre les fils d’un complot ourdi contre certaines sorcières et réussit à mêler les deux héroïnes, qui s’allieront plutôt que de s’entretuer. La question de l’Autre et des relations du soi vis à vis des étrangers est particulièrement intégrée au récit et fait de Guerrière un bon roman, sans toutefois révolutionner le genre de la fantasy. Les thématiques sont intéressantes et bien traitées par l’auteur, desservies par une écriture fonctionnelle qui alterne la focalisation tantôt sur Mirage, tantôt sur Miryo.

On formulera une objection, celle de la disparition progressive du personnage d’Eclipse. L’auteur fait vivre ce personnage qui est, rappelons-le, l’ami de Mirage et disparait du récit peu après la rencontre des deux héroïnes. On s’interroge alors si l’auteur n’a pas su – ou n’a pas voulu traiter le point de vue de ce personnage ; de même sa réaction face à l’apparition du personnage final est très anecdotique.
L’apparition de ce même personnage final déroute et arrive presque trop rapidement dans le récit. Les relations entre les deux héroïnes sont avortées et, une fois ce personnage arrivé, on se dirige vite vers la conclusion du roman.

Ne boudons pas notre plaisir, Guerrière est de ces livres à lire au coin d’un feu durant cette saison hivernale.