Présenté hier soir à l’Etrange Festival, Goemon est un film historique-médiéval-fantastique japonais. Aucune date de sortie en France n’est pour l’instant connue.

Ishikawa Goemon met la main sur un objet secret, ce qui provoque la colère du sanguinaire Toyotomi Hideyoshi. Sa tête mise à prix, le voleur virtuose va rapidement se retrouver au centre d’un écheveau de vengeances et de complots.

Dès le début du film, on sait que visuellement Goemon ne va pas être moche. Ca commence par un magnifique feu d’artifice (très certainement pendant les fêtes nippones du Nouvel An) avec de très beaux plans aériens.

L’histoire

Goemon est le Robin des Bois japonais et on s’en rend vite compte puisque le personnage nous est introduit en plein milieu du vol du trésor du palais. Seulement le jeune homme commet une erreur qui va l’entraîner malgré lui dans une aventure périlleuse: il dérobe une boîte que l’on dit maléfique; elle serait une boîte de Pandore…

Les premières 20 minutes du film sont plutôt comiques avec des dialogues parfois un peu ridicules et pas très recherchés. Goemon est à claquer: il est arrogant, malpoli et je m’enfoutiste, mais il est très charmant et très habile physiquement (dans le sens arts martiaux du terme bien sûr même si le sous-entendu sexuel est clairement présent). Lorsque les premiers tueurs sont à ses trousses, le ton du film change brusquement. Vengeance, complots, pouvoir, corruption deviennent alors les thèmes (chers aux japonais dans leurs animés notamment) principaux du film.

Assez rapidement vient le personnage féminin de l’intrigue qui est peu présent et peu essentiel, mais qui ne tombe pas dans la caricature habituelle. L’histoire d’amour impossible entre Lady Chacha et Goemon est touchante et pleine de tendresse.

Saizo a été élevé avec Goemon. Tout deux aspirent à devenir des samouraïs, mais ils n’ont pas les mêmes méthodes. On ne sait jamais vraiment si Saizo est l’ennemi ou l’ami de Goemon. Le personnage est touchant. Tiraillé entre son envie de liberté comme Goemon et sa volonté de suivre les règles imposées par Hideyoshi, il finira par sauver son ami d’enfance.

Parlons des méchants! Ils sont nombreux et tous charismatiques. Hideyoshi est THE méchant. Son rôle n’est pas très clair: empereur, roi, dictateur? Tout ce qu’on sait de lui c’est qu’il a fait assassiner le grand Nobunaga pour prendre sa place. Le personnage est complètement aveuglé par le pouvoir et sa haine envers Goemon. Il est dément et ne rêve que d’une seule chose: la guerre! Viens ensuite le plus grand des tueurs, Mitsunari. Lui voudrait prendre la place d’Hideyoshi et surtout il rêve de tuer Goemon. Je pense que c’est lui le méchant le plus charismatique du film avec son visage allongé, ses longs cheveux noirs et ses yeux perçants. En fait, on se rend compte qu’il est faible et incapable d’accomplir lui-même un assassinat.

Les acteurs sont tous parfaits dans leur rôle et on notera avec amusement le choix des jeunes comédiens masculins qui ont dû très certainement provoquer des cris surexcités des jeunes japonaises.

L’intrigue mêle habilement action, aventure, combats au sabre et magie. Il y a cependant quelques petits défauts. Les lieux sont très difficiles à cerner. Il y en a beaucoup et ils changent vite. On nous donne peu de repères quant à la ville ou la province dans laquelle l’intrigue se situe. Parfois, c’est difficile de suivre. Les dialogues ensuite ne sont pas toujours de très bonne qualité.

La fin est grandiose (l’armure…). Oui c’est émouvant, mais pas larmoyant !

La réalisation
(La technique: personnages réels, mais décors entièrement numériques.)

Oui alors bon, c’est énervant parce que les images de ce film sont juste hallucinantes! Oui parfois on voit le numérique parce que les effets de caméra sont trop rapides, mais bon franchement vous allez même pas vous en rendre compte!

Comment dire? Si Goemon a une intrigue plutôt solide, Goemon a aussi (et surtout, dirons certains) un visuel de dingue. Les palais,

les combats de sabre, les plans sur des foules ou des armées gigantesques (le mot est peut-être faible), des scènes de guerre carrément jouissives (clin d’œil très certain au Seigneur des Anneaux), des effets de style avec le sang, des paysages de nature féerique avec lucioles et cerisiers, des costumes sublimes aux couleurs éclatantes… La liste est très, très longue! Comment cet homme (Kazuaki Kiriya) a-t-il réussi à créer un univers visuel qui n’existe absolument pas dans la vie réelle? Comment a-t-il réussi à nous entraîner dans une aventure grandiose et palpitante? Azumi, Gladiator, Le Seigneur des Anneaux sont des films qui ont très certainement influencé le réalisateur. L’enchaînement de certains plans laissent perplexes devant leur perfection.

Les décors, les costumes, les mouvements de caméra, mais aussi la lumière sont travaillés avec soin. Il y a plusieurs parties visuelles dans le film composées elle-même de plusieurs séquences. L’ensemble est incroyable!

La bande-son est très poétique avec des passages très épiques et d’autres plus doux.

CONCLUSION
Goemon est un film particulièrement divertissant, aux effets visuels hallucinants et d’une grande poésie. Les 2h de film tiennent la route grâce au dynamisme de l’intrigue. Un film à voir absolument afin de saluer le travail accompli par l’équipe.

Rendez-vous demain, toujours à l’Etrange Festival, pour de la japanimation avec First Squad