Kiichi et Motokazu sont jumeaux. Le premier, brillant étudiant en physique, demande au second de le remplacer en douce sur les bancs de la fac tandis qu’il s’envole pour des vacances à l’étranger avec sa dernière conquête. Seulement voilà : Motokazu est un aspirant rocker rêveur doublé d’un cancre notoire. Les heures en amphi s’avèrent pour lui un supplice, jusqu’à ce que les circonstances l’amènent à rencontrer Saraka, prodige en informatique de 17 ans ayant conçu à elle seule Mugen, un accélérateur de particules révolutionnaire dont l’inauguration a été relayée par tous les médias. Saraka n’est pas d’un contact facile : surdouée, elle préfère mener une existence recluse devant ses écrans d’ordinateur plutôt que de fréquenter le genre humain. Une misanthropie qui sera peut-être fatale le jour où la jeune fille entreprendra de pirater Mugen pour satisfaire ses penchants de démiurge et anéantir l’univers tel que nous le connaissons. Motokazu parviendra-t-il avec ses modestes moyens à contrer le projet fou de Saraka et sauver l’humanité ?

L’éditeur WE Prod nous gâte cet été avec pas moins de deux titres signés du prolifique Takashi Miike (l’autre film est Zebraman 2), cinéaste dont la filmographie nous parvient — essentiellement en dvd — de façon anarchique. Miike a tourné ce film il y a trois ans déjà. Il faut dire qu’un titre comme God’s Puzzle, avec ses qualités comme ses imperfections (notamment une durée excessive de près de 2h15), ne fait pas partie, à l’heure actuelle, des films les plus faciles à distribuer, et il ne peut trouver d’écho en Occident qu’auprès d’un public restreint, curieux de bizarreries échappant à toute catégorisation. Le scénario de God’s Puzzle part dans tous les sens. S’il fallait, malgré tout, tenter de coller à l’œuvre des étiquettes, on pourrait dire qu’il s’agit d’une comédie socio-sentimentale empruntant des sentiers métaphysiques (les questions de l’origine de l’univers et du sens de la vie sont au cœur des préoccupations des protagonistes) pour, au final, bifurquer sur une voie purement S.F. avec un suspense bien mené.

Les deux rôles principaux, Saraka et Motokazu, sont tenus par Mitsuki Tanimura et Hayato Ichihara. Tanimura avait à peine 18 ans au moment du tournage, mais elle pouvait déjà se vanter d’une belle carrière à l’écran, dans des séries tv comme dans des longs métrages de cinéma. Dans God’s Puzzle, elle réussit à rendre attachant et sexy son personnage de nerd limite autiste. La prestation d’Ichihara (vu dans Negative Happy Chainsaw Edge) pose, quant à elle, quelques problèmes. Poisson hors de l’eau, le personnage de Motokazu est au bord de l’implosion, contraint de fréquenter, dans le milieu universitaire, des gens beaucoup plus intelligents que lui. L’apnée donne lieu à quelques séquences rigolotes plutôt réussies (la meilleure étant celle où il improvise un exposé oral, contraint de donner le change face aux autres étudiants de son groupe de travail), mais l’interprétation syncopée d’Hayato Hichihara, qui éructe pas mal de lignes de dialogues, finit par devenir fatigante.

Et la philosophie dans tout ça ? Avec des personnages qui consacrent l’essentiel de leur temps à deviser sur la naissance du monde et la (non-)existence de Dieu, il eût été dommage de ne pas délivrer de message. Celui de Miike est fort simple, et le cinéaste se range du côté de son anti-héros Motokazu. Qu’importe ses qualités intellectuelles toutes relatives, le jeune homme est une personne de cœur, et ce sont ses qualités humaines qui vont lui permettre de convaincre Saraka de la beauté du monde. Le bonheur est donc à portée de main, et, que l’on soit un esprit simple ou un génie, il ne réside pas dans l’éventualité d’apporter des réponses aux grandes questions métaphysiques, mais plutôt dans les plaisirs que nous apporte la vie, comme celui de rencontrer sa moitié (car, comme le remarque Motokazu, dans l’univers, "tout fonctionne par paires") ou celui, tout bête, de savourer de bons sushis !

Sortie en dvd le 23 août (WE Prod).

Durée : 134’

Image : 1.85, 16/9 compatible 4/3

Son : japonais et français, Dolby Digital 5.1

Sous-titres : français, truffés de fautes d’orthographe !

Suppléments : bandes annonces WE Prod.