Sur un quai du métro de Tokyo, Kurono reconnaît dans la foule un ami d’enfance, Kato, qu’il n’a pas vu depuis des années. Timoré, l’esprit accaparé par sa recherche d’un emploi, le jeune homme ne se réjouit pas de ces retrouvailles, il n’ose pas s’approcher. Un homme ivre tombe soudain sur les rails, inconscient. Les yeux écarquillés, Kurono voit Kato sauter pour porter secours à l’infortuné. Quelques péripéties plus tard, les deux anciens amis se retrouvent ensemble sur la voie à l’arrivée imminente de la prochaine rame. Le train arrive, les percute, ils sont morts. La fin ? En fait, le début : l’au-delà que découvrent Kato et Kurono n’est qu’un appartement anonyme dans une tour de la capitale japonaise. Une poignée de quidams les observent, prostrés aux quatre coins de la pièce, le regard effaré. Au milieu du groupe trône une sphère noire métallique, et sur la surface mate apparaissent bientôt des instructions : tirés du néant par une intelligence mystérieuse nommée Gantz, les tokyoïtes, tous fraîchement décédés, forment à présent un groupe de combattants ayant pour tâche d’éliminer des envahisseurs extraterrestres planqués dans la société nippone. Une mission présentée sous la forme d’un jeu, puisque chaque alien dessoudé vaudra à son exterminateur un nombre de points dont le total sera fixé par Gantz…

Tiré d’un manga d’Hiroya Oku, Gantz met en scène un échantillon d’individus pour qui l’existence s’est achevée alors qu’elle était dans une impasse. Kurono, en recherche infructueuse d’emploi, voyait son horizon bouché ; Kato, on l’apprendra plus tard dans le métrage, occupe un poste de concierge sans avenir, par la faute d’une scolarité avortée. Le duo de héros se fait trio avec l’entrée en scène de Kei, jolie poupée qui s’est ouvert les veines après une déception amoureuse. En les recrutant, Gantz leur apporte une existence nouvelle aux enjeux très simples : il faudra tuer un adversaire désigné ou être tué. Apprendre à se battre ne sera du reste pas inutile si l’un d’eux parvenait à marquer un total de 100 points, sésame pour être « libéré » et reprendre le cours de sa vie au sein de la jungle sans pitié qu’est la société moderne.

La thématique abordée n’est pas inintéressante, mais le ton du film, à mi-chemin entre l’actioner S.F. (façon Matrix) et la farce, en déconcertera plus d’un. Le premier défi lancé au jugement des spectateurs n’est autre que l’apparition du premier extraterrestre à éliminer, l’ « alien-poireau », qui « pue et adore les poireaux » (dixit Gantz). Le gaillard est un géant de deux mètres dont le crâne est surmonté d’une touffe de cheveux verts. On monte d’un cran dans l’absurdité avec la deuxième mission, qui consistera à réduire en miettes une sorte de robot-playmobil « qui adore les radio-cassettes »… Outre la nature grotesque de ces adversaires, on est également gêné par un déficit d’informations qui laisse sans repère : comme les protagonistes, on est mis devant le fait accompli de la présence d’E.T. parmi nous, sans qu’on n’apprenne rien de leur origine. Mystère, également, quant à la nature même de Gantz et de ses motivations. Bref, pour apprécier le spectacle, il faut accepter que, malgré sa durée de 2h10, le film ne soit qu’une introduction (le sous-titre français « au commencement » annonce la couleur), et se dire que tout, peut-être, sera éclairé à la faveur d’un second volet. La conclusion de cette entrée en matière donne en tout cas envie de connaître la suite, le film s’achevant par une superbe séquence de combat, riche en rebondissements, au cœur du parc d’Ueno. Les plus impatients peuvent se jeter sur la b.d. d’origine, qui en est à son trentième tome (sorti ce mois-ci chez Tonkam), ou encore sur la série d’animation, excellente, produite en 2004 par le studio Gonzo. Disponibles en France en coffret dvd, les 26 épisodes s’avèrent nettement plus gore que le film. Ils alignent aussi des scènes de sexe totalement absentes du long métrage, parfois un rien sordides, telle une séquence assez frappante où Kei subit à son corps défendant un cunilingus prodigué par un chien ! Ouaf !

Disponible en dvd et blu-ray depuis le 6 septembre (Wild Side Vidéo). La bande annonce :