Freyrdaam

Khimaira : Que signifie « Freyrdaam »?

Nico : C’est très simple, Freyrdaam est une dérivation de « Frère d’armes » en un jeu de mot qui signifie « Frères d’âmes ». Djiss et moi-même fonctionnons de manière très instinctive et nous sommes très souvent sur la même longueur d’onde lorsqu’il s’agit de notre musique. Ce nom est aussi le reflet de la complicité qui nous lie ainsi que celle que nous partageons avec ceux qui nous accompagnent.

Djiss : C’est également un clin d’œil au dieu de la vie et de la fécondité dans la mythologie nordique (Freyr)

K : Pouvez-vous nous raconter l’histoire du groupe? Quel a été votre parcours musical?

N : Le groupe est né en 2004. À l’époque, nous faisions déjà de la musique ensemble, mais dans un tout autre répertoire. Djiss m’avait fait écouter quelques compositions plus personnelles qu’il avait écrit à la guitare classique. L’idée m’a trotté dans la tête pendant un moment et puis, un beau jour, j’ai décroché mon téléphone et lui ai proposé qu’on essaie d’exploiter ces titres qu’il avait écrits pour son plaisir. On s’est laissé un peu de temps afin que j’écrive quelques textes et puis on a fait notre première séance de travail ensemble. Freyrdaam était né, aussi simplement que ça. Pour mon petit parcours musical, je chante depuis l’âge de 15 ans dans divers styles. J’ai également fait 3 ans de conservatoire classique.

D : J’ai fait 15 ans de guitare dans de nombreux styles, parfois fort éloignés musicalement.

K : Quelles sont vos influences musicales et poétiques?

N : Pour ma part et sur les deux plans, c’est évidemment William Sheller qui me vient tout de suite en tête. Il a su créer un véritable univers autour de lui entre l’intime et le grandiose. Jacques Brel aussi évidemment pour l’interprétation et la vie qu’il insuffle à ses chansons. Et enfin Andreas Vollenweider, dont les albums entre new-age et world-music sont de véritables invitations au voyage. Concernant les textes, la question est plus ardue, je suis un grand lecteur, mais je ne saurais dire quel auteur a le plus influencé mon écriture !

D : Pour la musique : Mike Oldfield, Paco de Lucia, Ennio Morricone, Jean-Sébastien Bach, Peter Tosh, Supertramp et beaucoup d’autres.

K : Quelles sont vos autres influences, en général et liées au domaine de l’imaginaire en particulier?

N : Énormément de choses ! Je suis fan de metal, je touche un peu à tous les styles à partir du moment où ça reste mélodique et qu’un univers est développé par des groupes tels que : Iron Maiden, My Dying Bride, Septic Flesh, Summoning ou encore Therion. En matière de cinéma, je suis très éclectique, mais pour répondre plus précisément à ta question quelques noms me restent en tête : Conan le barbare, Dune, Highlander, Dark Crystal, la plupart des métrages de Tim Burton, les remarquables animes de Miyazaki et les films d’épée asiatiques. Je découvre aussi en ce moment le peintre Caspar Friedrich dont l’univers romantique me touche particulièrement.

D : Le metal également, du plus soft au plus extrême, le cinéma, la lecture, quant au domaine de l’imaginaire c’est Clive Barker mon préféré.

K : Quels sont vos œuvres et auteurs préférés?

N : En matière de lecture, j’ai été très marqué par « Le Seigneur des Anneaux » qu’il m’a fallu recommencer plusieurs fois avant de rentrer véritablement dans l’histoire. L’écriture de Tolkien est d’une grande finesse et j’avoue être toujours bluffé par son sens de l’humour par exemple. En matière de Fantasy, Michael Moorcock a été mon premier auteur de chevet, j’ai littéralement dévoré « L’hypercycle du Multivers ». Sans oublier Orson Scott Card et Georges Martin. Plus tard j’en suis venu aux auteurs classiques en m’apercevant qu’eux aussi pouvaient conter des histoires extraordinaires. La découverte de Victor Hugo a été vraiment enthousiasmante. Alexandre Dumas également dont le « Comte de Monte-Cristo » m’a complètement emballé. Plus récemment j’ai lu presque tous les romans de Robert Merle, avant de m’attaquer à son cycle « Fortunes de France » qui est un joyau d’écriture et d’histoire romancée. La lecture est vraiment un moment privilégié, un moment à soi et je ne m’en priverais pour rien au monde.

D : Les « Concertos Brandebourgeois » de Jean-Sébastien Bach, « Le royaume des devins » de Clive Barker. Pour les auteurs Robert Silverberg, H.P. Lovecraft, Diderot, Eric Emmanuel Schmitt et récemment, grâce à mon compère, Robert Merle.

K : Qui fait quoi dans Freyrdaam, les musiques, les paroles? Est-ce qu’il y a une répartition des tâches ou est-ce un travail commun?

N : Djiss compose les parties de guitare et je m’occupe des textes. Nous élaborons les parties de chant et les arrangements ensemble. C’est un système bien rodé et qui fonctionne. Nous sommes souvent d’accord dans nos choix et suggestions, et en cas de litige c’est Djiss qui a le dernier mot parce qu’il fait deux têtes de plus que moi ! Nous travaillons également avec Pascal B. un auteur qui nous propose de temps à autre des titres remarquablement écrits (« La révérence » sur l’album) et qui a suscité une plus grande exigence de ma part concernant de ma propre écriture, ça a été une belle rencontre.

D : Les textes de Nico sont mes sources d’inspiration principales, j’aime travailler sur le moment, sans préméditation. Ainsi, nos derniers titres sont créés au moment où Nico me les lit, je m’imagine l’histoire, et la musique qui l’accompagne vient tout naturellement.

K : Quels sont vos thèmes de prédilections pour vos chansons?

N : Je dirais que nous privilégions l’émotion et l’évasion. Nous faisons souvent passer nos sentiments par le prisme d’un récit imaginaire. Ainsi, la chanson possède plusieurs degrés de lecture. Concernant « La trêve » et comme tu l’as très bien souligné dans ta chronique, il y a une certaine mélancolie qui se dégage de l’ensemble. Nous avons voulu évoquer des choses très simples telles que le regret, la colère, l’amour, la haine, la tristesse, la séparation. Tout ce qui fait et anime nos vies en règle générale.

K : « La trêve » est votre premier album. Comment s’est passée sa naissance?

N : Ça a été un très long travail d’un an et demi. Nous avons quasiment tout fait nous-mêmes. Ian (notre sonneur et flûtiste, également cuisinier hors pair) a participé aux arrangements et a contribué pleinement à l’ambiance celtisante et médiévale qui règne sur l’album. Nous avons enregistré nos premières pistes aux Studios de la Malterie en compagnie d’Emmanuel Vellutini qui a été particulièrement patient et à notre écoute, en plus d’être quelqu’un d’humainement très fréquentable, ce qui ne gâche rien ! Nous avons ensuite élaboré les arrangements et les chœurs additionnels en home-studio. Djiss s’est chargé de l’ensemble du mixage, un énorme travail d’écoute et de concentration. Puis nous avons confié le mastering et le pressage à un intervenant extérieur. Tout a été autofinancé et nous sommes aujourd’hui très fiers de notre « bébé » même si nous sommes conscients de ses défauts. Mais c’était une étape importante pour la maturité de notre projet, nous avons énormément appris et ce n’est pas fini !

Il y a eu également un gros boulot de la part de Joss, notre graphiste et illustrateur qui s’est totalement impliqué dans l’aventure. Il a entièrement conçu l’artwork en s’inspirant de notre univers en collaboration avec Philippe Bousseau pour les photos. L’enthousiasme et la gentillesse ce des deux personnes nous sont précieux et nous continuons à travailler avec eux.

K : Comment vos chansons sont-elles accueillies en concert?

N : L’accueil des gens qui veulent bien nous écouter est plutôt positif. Ils apprécient le côté très mélodique et posé de nos chansons, ainsi que le voyage que nous leur proposons. Notre répertoire demande aussi un minimum d’attention de la part de nos auditeurs. Comme le dit si bien Djiss : « Freyrdaam, c’est de la musique qui s’écoute comme on lit un livre ». Il faut bien avouer que notre public est pour le moment restreint, mais particulièrement fidèle et attentif lorsque nous nous produisons, nous n’avons pas trop à nous plaindre de ce côté-là. Et puis nous avons toujours quelques reprises dans notre besace afin de pouvoir accrocher les plus distraits.

K : Parlez-nous de vos projets, à court terme et à long terme.

N : Pour le moment nous cherchons à promouvoir notre album auprès du plus grand nombre. Nous prenons contact avec des webzines, des associations, des organisateurs de concerts qui seraient susceptibles de nous faire connaître auprès du public. Nous sommes également à la recherche d’un petit label qui pourrait nous distribuer. Cela prend du temps et c’est parfois décourageant. Mais il y a quelques petits frémissements ces derniers temps qui nous poussent à avancer. Rien n’arrive sans qu’on le provoque. « La fortune sourit aux audacieux » dit-on !

À plus long terme, nous sommes en train de finir de composer le successeur de « La trêve » et les titres sont prometteurs. Le voyage va continuer, mais les décors vont changer. L’imaginaire n’a pas de limites par définition et c’est ce que nous nous sommes dit pour ces nouvelles chansons. Nous allons également apporter d’autres couleurs musicales à notre palette. Cela restera du Freyrdaam, mais il y aura des surprises ! Nous aimerions aussi en profiter pour remercier tous ceux qui participent ou ont participé à l’aventure de près ou de loin et qui nous soutiennent vaille que vaille. Mine de rien, la liste est assez longue !