Warren Ellis fait partie des francs tireurs du comics US. Cet irlandais n’hésite en effet jamais à travailler en marge des "big two" (Marvel et D.C.), même s’il continue d’y officier, dans un contexte le rendant plus libre de ses mouvements. C’est ainsi qu’il a entamé une collaboration avec Avatar, petit éditeur indépendamment ayant fait l’exploit de signer en quelques années quelques uns des plus grands noms du milieu.

Le Lombard, qui poursuit sa politique de diversification (raisonnée, mais diversification tout de même) avec ce qui est l’une des ses toutes premières traductions, a donc jeté son dévolu sur cette série d’apparence d’autant plus mineure qu’elle a d’abord été publiée sous la forme d’un web comics – vous pouvez d’ailleurs le suivre gratuitement en V.O. sur http://www.freakangels.com/.

L’histoire tient dans cette petite phrase de Warren Ellis lui même: "et si les enfants du village des damnés [célèbre film d’horreur des années 60, NDR] avaient survécu ?". Dans un Londres ravagé, un groupe aux pouvoirs mystiques protège les reste du quartier pauvre de Whitechapel – celui là même où officia Jack l’Eventreur en son temps. Mais la situation d’équilibre précaire avec ses voisins va vite se retrouver menacée…

Ce qui frappe le plus dans cet univers post-apocalyptique, c’est le rythme très particulier avec lequel Ellis déploie son univers, rythme clairement imposé par sa publication initiale sur le web. Il impose ainsi une longue introduction avant que l’intrigue principale ne démarre vraiment. Si le lecteur peut ainsi mieux pénétrer dans cet univers, il se retrouve bien surpris lorsqu’arrive les véritables enjeux de l’histoire.

L’histoire pourra donc paraitre fainéante par moment, avec ses longues scènes dialoguées digne des Tarantino les plus bavards et sa narration, qui doit reposer sur un découpage nécessairement simplifié – quasi exclusivement à base de planches de quatre cases. Ce dépouillement se retrouve aussi dans le dessin, dont le style flottant ne marque pas vraiment pas son esthétisme, mais plutôt par son efficacité.

Efficacité: c’est bien au final ce qui définie le mieux ce premier tome. Certes, il ne brille pour l’instant pas par la profondeur de son propos ni par l’originalité de ses thèmes. Mais il a tout pour accrocher le lecteur et l’embarquer pour les tomes suivants, ce qui est bien la marque d’une certaine réussite.