Khimaira a eut l’occasion de parcourir le Petit Dragon, fanzine consacré à Donjons et Dragons. Entretien avec Haazeven qui chapeaute cette publication.

K: Bonjour et merci de nous accorder cette interview exclusive. Auriez-vous l’amabilité de vous présenter à nos lecteurs?
Haazeven:
Je suis un étudiant de 24 ans. Je fais actuellement ma thèse à Lausanne, en Suisse, après des études d’ingénieur-informaticien en France. Je pourrais dire que je suis grand, beau, fort, musclé, et blond, mais ce serait certainement faux.

K: Vous faites partie des Contributeurs du site DD4 francophone qui gère le fanzine le Petit Dragon, comment en êtes-vous venu à œuvrer dessus? Quelle est la genèse du site et du fanzine?
H.:
En fait, ce fanzine est venu de l’impulsion de quelques personnes motivées par un même but: publier des aides de jeu pour D&D 4. L’idée a été lancée par jdriele, qui proposait une méthode de mise en page automatique. La particularité de D&D 4 est de recourir à de nombreux blocs de statistiques, et la mise en page de jdriele permettait de se préoccuper du contenu sans se soucier de la mise en page, ce qui est plutôt pratique. Immédiatement, on a été plusieurs à répondre à l’appel, et c’est ainsi que le fanzine est né. Jdriele a généreusement proposé d’utiliser son site personnel pour la publication. L’objectif était de réunir différents auteurs d’aides de jeu pour D&D 4 sur un même site, avec une mise en page commune.

K: Vous êtes donc rôliste depuis bien longtemps? Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans les jeux de rôle?
H.:
Je suis rôliste depuis le collège. C’est plus sur les quatre-cinq dernières années où j’en ai fait régulièrement, grâce aux clubs dans mon école d’ingénieur, puis maintenant dans mon université. Pour les étudiants, il est en général assez facile de trouver d’autres joueurs grâce aux associations. Pour moi, le jeu de rôle est principalement un moyen de construire des histoires avec des gens qu’on aime bien. Et c’est important de les construire ensemble, de partager ces moments et cette ambiance.

K: Que pensez-vous des jeux de rôles actuels? Est-ce par nostalgie que vous jouez à Donjons et Dragons?
H.:
Je n’ai pas vraiment connu les premiers jeux de rôles (je n’étais pas né!), donc je ne pourrais pas vraiment faire la comparaison avec avant. Cependant, je trouve qu’il y a de plus en plus un grand soin apporté à la production des suppléments de jeux de rôles: qualité des textes, qualité des illustrations, les ouvrages de jeux de rôles sont souvent de beaux objets. Et je ne crois pas jouer à D&D par nostalgie. La 4ème version de ce jeu est vraiment différente des versions antérieures, à tel point que ça a déclenché de nombreux débats plutôt houleux sur la Toile. J’aime D&D 4 pour la qualité du système de jeu: c’est une mécanique finement huilée, qui est écrite sans la moindre ambiguïté, et qui donne un cadre générique à toute une gamme d’effets. La rage du barbare, les chants du barde, le châtiment du paladin, toutes ces mécaniques si différentes dans les éditions précédentes utilisent dorénavant le même formalisme, ce qui permet de les comparer ou de passer de l’une à l’autre très facilement. C’est un peu comme si toutes ses classes parlaient la même langue, avec des accents différents, au lieu de parler des langues différentes avec des racines plus ou moins communes.

K: Comment est géré le fanzine le Petit Dragon? Qui peut y participer? Comment sont choisis les articles parus? Avez-vous un comité de lecture? Manquez-vous de rédacteurs ou de dessinateurs?
H.:
Petit Dragon est ouvert à toute proposition d’article. Il suffit de venir se présenter sur notre forum, et demander à contribuer. Nous avons un forum spécifique (non ouvert au public) sur lequel nous discutons des propositions d’articles, essayons de les améliorer et de les corriger. Chaque contributeur peut venir commenter un article en cours d’écriture, de manière constructive il s’entend. L’article doit avoir le feu vert du rédacteur en chef, en sachant qu’en général, le feu vert n’est pas donné tant qu’il reste des commentaires sur l’article. En pratique, nous sommes quelques contributeurs à commenter régulièrement la plupart des articles, ou des articles dans un certain cadre. Ainsi, je suis de près tout ce qui touche aux nouvelles règles pour les joueurs. On pourrait assimiler ces contributeurs à un comité d’éditeurs, même si la procédure n’est pas formalisée. En fait, nous sommes en effectifs très réduits, et nous n’avons pas assez d’illustrateurs «maison». Du coup, nous demandons souvent l’autorisation d’illustrateurs trouvés sur DeviantArt d’utiliser leur matériel pour notre fanzine. C’est donnant-donnant: nous bénéficions de leur magnifique travail, et nous leur faisons de la publicité.

K: Les internautes adhérent-ils à ce fanzine? Vous êtes déjà au numéro 3. Quels sont les retours? Avez-vous une idée du nombre de lecteurs?
H.:
Le premier numéro de Petit Dragon a été téléchargé 2.000 fois environs, principalement grâce à l’effet d’annonce et de nouveauté. Le numéro 2 et 3 avoisinent chacun les 1.000 téléchargements. Les quelques retours que nous avons eu ont été bons, mais ils ont été plutôt rares. À chaque parution de numéro, quelques auteurs motivés venaient se joindre au groupe, ce qui nous permet de grossir les rangs des contributeurs.

K: Que trouve-t-on au sommaire du fanzine? Suivez-vous les demandes des Internautes sur un sujet précis?
H.:
Dans chaque numéro nous essayons d’avoir un équilibre entre aides de jeu pour les joueurs et aides de jeu pour les maîtres du jeu. Nous avons publié beaucoup d’aides de jeu pour les débutants, afin de les guider dans la gamme assez touffue du jeu ou de leur donner des petits conseils pour créer leur premier personnage ou leur premier scénario. Ces articles sont écrits en fonction de l’inspiration des auteurs: nous écrivons pour notre propre plaisir personnel, et nous espérons que les aides de jeu plaisent aux lecteurs.

K: Jouez-vous à d’autres jeux (figurines, cartes, plateau…)?
H.:
Je joue un petit peu à des jeux apéritifs. Ma dernière découverte est Petits meurtres et faits divers qui demande une bonne dose d’improvisation et de bagou. Dans un certain sens, c’est du jeu de rôle en accéléré.

K: Avez-vous d’autres projets? Des idées pour le futur?
H.:
Petit Dragon va changer. Le fait de rassembler les articles en numéros nous impose d’énormes contraintes de temps qu’il est difficile de respecter. Chacun a son propre emploi du temps en-dehors du fanzine, et nous faisons de notre mieux. Nous allons donc nous diriger vers une nouvelle formule afin de retirer cette contrainte: nous allons publier les articles un à un sur notre blog, à intervalle régulier. Nous espérons ainsi accélérer notre rythme de publication, et fournir plus de matériel à nos lecteurs.

K: Y aurait-il une question à laquelle vous aimeriez répondre mais que personne ne vous a jamais posée?
H.:
Pourquoi le nom Petit Dragon? On a eu plein d’arguments, mais celui que je préfère c’est celui qui reprend le slogan d’une célèbre marque de vêtements: «à quoi sert un jeu si on ne peut rien faire dedans?»

K: Un dernier mot pour nos lecteurs?
H.:
Ne soyez pas timides! Si vous avez quelques idées en tête, que vous maniez la plume ou le pinceau, n’hésitez pas à venir nous rejoindre!

K: Merci encore de votre accueil.
H.:
Merci pour votre intérêt. Je vous donne rendez-vous sur http://dd4.fr/ et dès le 18 août pour la sortie du numéro 4 du Petit Dragon