Un futur à la Soleil vert, où les ressources naturelles sont épuisées, voilà ce qui nous attend si l’on en croit les planches d’Eden Corp. Dans une ville de Paris devenue jungle urbaine, où la survie passe par le pillage, Gabe et Morgane, ainsi que leur fille ado Kali, rêvent de s’échapper du cloaque terrien. Comment ? En partant pour Eden, comme une planète B, à des années-lumière du berceau de l’humanité. Mais pour décrocher son ticket pour le paradis, il faut gagner à une loterie. La petite famille usurpe l’identité des derniers chanceux — leurs salauds de voisins ! — pour s’infiltrer à bord du prochain vol…

Co-imaginé par Abel Ferry (le cinéaste français de Vertiges, en 2009), ce thriller de SF ne tourne pas le dos à quelques conventions du space opera. Ainsi, une fois à bord de l’arche en direction d’Eden, les personnages circulent à pied comme dans n’importe quel Alien, Star Wars ou Star Trek. Pas d’impesanteur, donc, ce qui autorise nombre d’échauffourées dans les coursives une fois révélé le stratagème des trois clandestins. Le grand méchant de l’histoire, c’est le capitalisme sans conscience ni scrupules, étant donné que les arches spatiales sont exploitées par Eden Corp, une entreprise avide de dollars qui ne dit pas tout aux passagers qui montent à bord, tout à leurs rêves de nouvelle vie dans un monde idyllique. En fermant gentiment les yeux sur une ou deux péripéties peu crédibles, on prend un plaisir certain à suivre le suspense mené par le scénariste américain Christopher Sebela, et très bien servi par le trait réaliste du dessinateur britannique Marc Laming.

Eden Corp n’est pas le premier volet d’une saga spatiale, c’est un one-shot que vous trouverez en librairie à partir du 6 mars prochain.