Attention, une nouvelle adaptation de Stephen King ! Les rapports de l’un des plus célèbres écrivains américains avec le cinéma et la télévision depuis plus de trente ans sont assez complexes et souvent peu prévisibles. Cela s’explique probablement par le succès et la productivité très élevés de l’auteur, qu’il s’agisse de nouvelles ou de romans. Les grands films et les navets s’entrelacent donc plus ou moins régulièrement : Stephen King au cinéma, c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. A partir de ce constat, quand Dolan’s Cadillac, film adapté d’une nouvelle tirée du recueil Rêves et Cauchemars (1993), sort directement en DVD et Blu Ray en France avec l’éternel revenant Christian Slater en tête d’affiche, on ne se demande pas vraiment dans quel chocolat on va mordre : on craint de le savoir déjà.
Les bandes-annonces offertes en apéritif donnent déjà froid dans le dos. Par exemple L’Enigme du Sphinx, sorte de reflet de La Momie en passant par Indiana Jones (notons que les aventures des O’Connell étaient déjà un hommage plus ou moins parodique à celles d’Henri Jones Junior) offre un aperçu terrifiant de jeu d’acteur et d’effets spéciaux à la « France Télévision ».
Le film en lui-même commence par une longue mise en place des personnages. C’est pourtant très simple, le couple de gentils professeurs est gentil (en plus ils s’aiment), et le méchant trafiquant de femmes est méchant (comme son sbire). Hélas, la gentille surprend le méchant dans ses affaires louches et se retrouve à devoir témoigner contre lui. Hélas derechef, ses beaux yeux (il s’agit d’Emmanuelle Vaugier, la Jessica Angell des Experts Manhattan, où son destin est d’ailleurs étrangement proche) ne l’empêchent pas d’être retrouvée et tuée. A partir de là, son mari (Robinson) n’est pas content, ah ça non. S’en suit l’histoire de sa vengeance.
Stephen King est un auteur assez particulier, au sens où son oeuvre mêle le fantastique, l’horreur, mais aussi la fantasy, la science-fiction, et de manière plus générale des analyses des plus sombres pulsions humaines. Dolan’s Cadillac ne présente aucun élément extraordinaire, il ne s’agit que d’un duel entre deux hommes. Mais là où le support écrit permet l’entrée dans la psychologie du personnage narrateur, le film est beaucoup trop contemplatif et se contente d’enchainer les plans à la Irréversible pour faire saisir la perdition de Robinson (agrémentés de quelques phrases inlassablement répétées, déracinées du texte original). Bref, c’est très long, très plat, on s’ennuie et le jeu des acteurs n’aide pas vraiment.
Toutefois (eh oui), la deuxième partie du film a éveillé mon intérêt. La mise en scène y est plus sobre, et on commence enfin à partager quelque peu les sentiments des personnages (la haine, la peur, le sadisme…). On retrouve à cette occasion l’atmosphère privilégiée de Stephen King. Mais que ce fut laborieux ! Le reste du DVD est d’un minimalisme forcené : rien de particulier à signaler.
Mon conseil : à moins d’être fanatique des adaptations de King, attendez que Dolan’s Cadillac passe un samedi après-midi sur TF1 ou sur M6 en deuxième partie de soirée.