Khimaira : Le premier tome des Sondeurs des Sables, Veddem, est paru dans la collection Livre de Poche Jeunesse il y a quelques mois. Avec une quarantaine de romans à votre actif, pouvez-vous nous expliquer d’où vous vient votre inspiration ?

Danielle Martinigol : Je me sers de l’actualité ! Ce qui peut paraître étonnant vu que je n’écris que de la science fiction, mais c’est dans le quotidien autour de moi que je puise mes idées. La raréfaction de l’eau, la gestion des déchets, l’avenir des livres, la manipulation mentale etc… Tout ceci fait la Une de nos journaux. Je n’ai pas à aller chercher bien loin ! Et je projette tout cela dans le futur et l’ailleurs en me servant de la SF comme d’une loupe.

Khimaira : Comment est née Veddem, cette nouvelle aventure au cœur d’une planète sableuse ? Et quelles surprises réservez-vous à vos lecteurs avec la prochaine parution du tome 2, Irgane ?

DM : J’ai eu envie de mêler deux axes essentiels de notre civilisation contemporaine : le pétrole et l’Internet ! J’ai crée sur Veddem un produit fossile générateur de formidables enjeux économiques mais pas inépuisable. L’innovation des soNDeurs réside peut-être en ce que l’Eau Dense de Veddem – allégorie du pétrole – permet des communications instantanées – voilà l’allusion à l’Internet !
Dans le tome suivant, Irgane va se révéler être une planète jumelle de Veddem qui renferme aussi de l’Eau Dense. Mais les ressources d’Irgane vont plus loin que la simple communication intergalactique. Je ne dirai rien de plus… top secret !

Khimaira : Qu’il s’agisse de votre premier roman, l’Or bleu, des Soleils de Bali, ou encore de la fameuse trilogie d’Autremer, vous semblez toujours utiliser une recette gagnante : l’aventure, l’ailleurs, l’amour. Et vos romans sont en général porteurs d’un message, le plus souvent d’ordre écologique. Les Sondeurs des Sables n’échappent pas à ces règles. Pensez-vous que c’est cette combinaison de facteurs qui assure le succès de vos livres ?

DM : Je ne me force pas à appliquer une règle quelle qu’elle soit. J’écris ce que j’ai envie d’écrire, ou plutôt envie de… lire. Car je me considère comme ma première lectrice. Si l’histoire me plait, si je lis le manuscrit fini avec plaisir, je me dis que ça plaira sans doute à d’autres, car je suis quelqu’un de tout à fait semblable à des milliers de lecteurs.
Il se trouve que côtoyant des ados depuis plus de trente ans dans mon métier de prof, ayant élevé deux enfants et me souvenant encore très bien de ce que j’aimais lire dans ma jeunesse, j’obtiens un écho positif à mes histoires car je vois ce qui plaît aux jeunes. J’en suis ravie. Je suis très fière aussi que ça plaise aux moins jeunes car les enseignants ou les bibliothécaires qui conseillent mes livres me disent toujours qu’ils les ont aimés malgré l’étiquette roman jeunesse.

Khimaira : Les Sondeurs des Sables, comme un grand nombre de vos ouvrages, est une œuvre de science-fiction qui séduit indépendamment garçons et filles, alors que ce genre est en général privilégié par un public masculin. Rendre la SF accessible à tous, cela vous tient à cœur ? Qu’est-ce que ce type de littérature peut apporter, selon vous, à la jeunesse d’aujourd’hui ?

DM : Qui ouvre un livre doit pouvoir se dire : je vais me détendre ! Trop de jeunes considèrent la lecture comme une corvée imposée par l’Education Nationale. Je ne cherche qu’à distraire mes lecteurs au premier chef. Si en plus je les fais réfléchir, c’est parfait, et si enfin je les fais rêver au point d’avoir envie de partir se promener sur les mondes que j’ai inventés, whaouh ! quel régal ! De nombreux ados m’ont dit : je me suis créé un Abîme à moi tout(e) seul(e) qui s’appelle…. Et je collectionne avec ravissement ces noms inventés indifféremment par des filles ou des garçons. C’est ce que j’aime dans la SF : la possibilité de partager des univers. Des univers où la parité n’est pas un vain mot. Mes héros sont toujours à égalité filles et garçons pour les premiers rôles. Mon lectorat s’y retrouve.

Khimaira : Diplômée d’un DEA en lettres modernes sur les littératures d’anticipation, vous avez publié des dossiers pédagogiques chez Hachette et pour le Centre National de Documentation Pédagogique, vous travaillez à mi-temps pour l’Education Nationale, vous participez également à la formation d’enseignants et de bibliothécaires sur la littérature SF. Qui plus est, vous collaborez régulièrement avec d’autres auteurs tels que Alain Grousset. Comment vous organisez-vous pour trouver le temps d’écrire vos romans ?

DM : Je rêve d’un monde sans agenda ! Le mien est rempli un an à l’avance pour les rencontres avec mes lecteurs, les salons, les festivals etc… Tout est question d’organisation. Quand on me demande si je ne manque pas d’idées, je réponds : non, je manque de temps. Ça peut paraître présomptueux, mais es idées fourmillent. Et si je suis à cours, je n’ai qu’à faire appel à mon co-auteur Alain Grousset. Lui, il en a dix par jour ! C’est la mise en œuvre qui est longue. Construire un monde ? Facile. Mais écrire les 250 pages qui vont avec… ça c’est beaucoup plus difficile. Douloureux même parfois, mais tellement jubilatoire quand on « tient » enfin le livre.

Khimaira : La vie d’un écrivain est donc un parcours du combattant…Quels sont les conseils que vous donneriez à un aspirant écrivain de science-fiction ?

DM : Ne pas se décourager le jour où l’on voit « son » idée fleurir dans un roman qui vient de paraître. Ecrire, écrire et encore écrire. Rien de tel que la rinçure de plume, comme le dit mon amie écrivaine québécoise Elisabeth Vonarburg. Surtout finir les textes, aller jusqu’au bout, pour avoir la joie de taper le mot FIN. Même si le manuscrit est maladroit, naïf ou désuet, au moins il aura été achevé. Le suivant sera meilleur et ainsi de suite. Trop de gens patinent en jouant au yo-yo dans les starting-blocks. Ecrire c’est une course de fond. On part debout et on arrive épuisé mais heureux. Enfin, dernier conseil, quand on se sent enfin prêt, il faut mettre le manuscrit dans les mains d’un éditeur. Et attendre… Si refus il y a, recommencer ailleurs. Deux avis valent mieux qu’un.

Khimaira : Avec l’expérience, ainsi qu’une impressionnante bibliographie derrière vous, quels sont les projets qui vous tiennent à cœur pour l’année 2007/2008 ? Toujours la SF jeunesse ou avez-vous d’autres idées en maturation ?

DM : Je vais ralentir un peu mon rythme d’interventions tous azimuts. Je sature un peu. C’est fatiguant de sillonner la France même si j’adore aller à la rencontre de mes lecteurs. Et puis j’ai un projet de roman pour adultes qui me titille de plus en plus. Un défi que je me lance. Suis-je capable de faire un tel livre ? Qui vivra verra ! Après tout, ce n’est jamais qu’une histoire… de futur ! ;-))

Pour plonger dans l’univers de Danielle Martinigol, n’hésitez pas à consulter son site internet : http://martinigol.monsite.orange.fr

Propos recueillis par Mélanie Lafrenière

 

VEDDEM
Les Sondeurs des Sables –tome 1-Editions Le Livre de Poche Jeunesse

Lorsqu’un vaisseau spatial atterrit en catastrophe sur une planète désertique jusqu’alors inconnue de l’Expansion Galactique Humaine, ses rescapés ne se doutent pas un seul instant des merveilles qu’ils vont y découvrir. Deux des passagers, Gaïdy et Célian, sont des virtuoses de la manipulation mentale, plus précisément des Médios. Mais lorsqu’ils soNDent la surface de la planète mystérieuse, ils découvrent l’existence d’oNDes d’une force incommensurable. Qui sont ses indigènes étranges aux corps fins qui plongent à des centaines de mètres sous le sable pour ramener la moindre goutte d’Eau Dense, ce mystérieux liquide aux propriétés colossales ? Et que se passe-t-il lorsqu’un Sableau esclave adjoint ses pouvoirs à ceux d’un Médio surpuissant ?

IRGANE

Les Sondeurs des Sables –tome 2-Editions Le Livre de Poche Jeunesse

Veddem possède une sœur jumelle ! Grâce à la découverte de la planète Irgane, les hommes disposent d’une quantité encore plus grande d’eau dense et de moyens de communication illimités. Célian, manipulateur mental, et Perla, la sableau vedette de Veddem, transmettent ainsi des messages à travers l’infinité intergalactique, comme beaucoup d’autres duos de sondeurs. Mais malgré leurs pouvoirs hors du commun, une puissance obscure vient brouiller leurs transmissions et les empêchent ainsi d’accomplir leur travail…Irgane n’est-elle vraiment qu’une source d’eau dense de plus ? Ou cacherait-elle d’autres secrets encore plus précieux aux tréfonds de son cœur ? Décidément, la communication mentale est bien plus complexe qu’il n’y parait…