En 1219, la cinquième croisade s’apprête à conquérir la ville stratégique de Damiette lorsqu’ils sont tous décimés par une mystérieuse peste… en apparence du moins. Quelques 25 ans plus tard, à la veille d’une septième croisade, Guillaume de Sonniac, agent papale, est envoyé à Damiette pour enquêter sur cette mystérieuse peste.

Crusades n’est rien de moins que la troisième BD à sortir en peu de temps sur cette période. Elle a même été devancé par une autre série portant le même nom, ou peu s’en faut, Croisades – peut être la raison de ce peu adroit titre anglais.

Là où Croisades est une relecture historique érudite, bien qu’abordée sous un angle fantastique, Crusades préfère le thriller hollywoodien. Le scénario quasi-littéraire de Dufaux pour l’un, l’approche spectaculaire d’Izu (encore lui !) et de Nikolavitch, scénariste dont les influences américaines tracent leurs racines à ses débuts professionnels chez Semic, pour l’autre.

Cette différence n’est pas que formelle; et si les deux séries ont clairement bénéficiées du même sérieux côté recherches historiques, leur scope n’est pas le même. A une vaste intrigue englobant toute une croisade, Crusades préfère se concentrer sur un événement en particulier, l’épidémie de peste qui a décimé les croisés à Damiette au cours de la cinquième croisade. Un vaste panel de personnages à gauche, une équipe plus réduite, à droite, qui participe au côté actionner américain de ce premier tome – ce qui est bien un compliment, vu la maitrise technique sans faille dont les auteurs ont fait preuve : narration fluide, rythme impeccable…

Ce dernier doit d’ailleurs beaucoup au format récemment inauguré par les Humanoïdes Associés : taille légèrement inférieure à du A4, 126 planches au compteur. Difficile de juger pour l’instant du succès public de ce format, mais les auteurs ont eux en tout cas déjà su se l’approprier avec un certain talent – Crusades ne faisant donc pas exception, loin s’en faut.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce premier tome (le graphisme explosif, la mise en couleurs…) mais nous allons en garder pour le second tome. Car il ne fait aucun doute après cette lecture que nous y reviendrons !