Il est des jeux où, peu ou prou, chaque participant brigue le même but en usant des mêmes artifices. Souvent même, d’une extrême simplicité. Ce qui a pour principal effet de rendre les parties plutôt répétitives quelle que soit la motivation des joueurs. Cela n’est pas du tout le cas de Chaos dans le vieux monde qui vient de sortir sous l’égide de Edge Entertainment sous licence Games Workshop!
   Ce jeu de plateau se présente sous la forme d’une grosse boite de couleur sombre emplie de pions, de jetons, de cartes, de dés et de petites figurines en plastique. Mais ce n’est que la partie immergée de l’iceberg. En effet, le concept même du jeu réside dans le fait que chaque participant à un but et des méthodes totalement différentes des autres. Jugez plutôt!
   Chaos dans le vieux monde recréé l’affrontement millénaire de quatre puissances de la Corruption. Des Dieux du Chaos qui se livrent un combat acharné dans leurs efforts pour dominer l’univers de Warhammer à peine défendu par une poignée de héros, de nobles et de paysans. Cependant, si ces démons veulent tous régner en maître absolu, chacun voit la victoire d’un œil totalement différent.
   Khrone est le Dieu du sang qui se complaît dans la boucherie et la fureur. Ses sbires attaquent d’abord, avant de voir s’il reste quelque chose de vivant. Il augmente sa Menace sur le monde à chaque mort comptabilisé durant un combat. Ce qui le rend farouchement dangereux en termes de jeu.
   Père de la Pestilence et de la Corruption, Nurgle répand des marées d’épidémies en tout genre. Il progresse en corrompant les régions les plus peuplées dans une méthode plus insidieuse que Khrone, principalement grâce au coût moindre d’activation de ses sbires.
   De son côté, Tzeentch est surnommé le Grand Conspirateur car il œuvre sur la destiné de l’univers. Ses armes sont la manipulation et la confusion dissimulées dans des toiles de soie. Il dispose de plusieurs cartes d’activation «gratuites», grâce auxquelles il progresse en une stratégie insidieuse.
   Enfin, Slaanesh, en tant que Prince du Plaisir et des Tentations, use de tous les péchés capitaux pour détourner les plus résistantes des nobles âmes. Egalement Prince de la douleur, il sait ensuite leur faire regretter leur oubli du droit chemin tout en augmentant son score.
   Comme vous pouvez le constater, une partie de Chaos dans le vieux monde ne ressemble à aucune autre. Et ce n’est pas les règles qui contrediront cette impression. Ces dernières sont suffisamment riches pour nécessiter une lecture attentive et au moins une partie d’essais. Néanmoins, cette prise en main effectuée, le jeu en vaut la chandelle.
   Découpées en tours, eux même décomposés en Phases, les parties s’articulent sur l’invocation de séides, dédiés au Dieu «actif», et au placement de cartes Chaos près des villes capitales des régions à corrompre. Une Phase de Bataille s’ensuit qui détermine un calcul de Domination pour une mise en jeu de pions idoines jusqu’à parvenir à dévaster une ou plusieurs régions. En fonction des forces en présence, le niveau de Menace des puissances chaotiques s’accroît sur le vieux monde. Enfin, un certain nombre de points de victoire est gagné. Résumé bien rapide pour un tour de jeu assez riche en situations pouvant tourner en faveur de l’un ou l’autre des Dieux en fonction des conditions réunies. Une chose est certaine, il faut conserver une certaine attention sur les actions de ses adversaires si l’on veut espérer remporter la victoire.
   Le summum du jeu est atteint en jouant à quatre, bien évidemment. Ceci dit, à trois (le minimum), les parties sont franchement différentes selon le Dieu non représenté. Sans Khrone, par exemple, il y a moins de combats, mais plus de destructions. Alors que, à l’inverse, sans Tzeentch, prévoyez moins de mouvements sur le plateau pour plus de tactiques prévisibles. Bref, Chaos dans le vieux monde est un jeu de contrôle de territoires riche de l’interaction entre quatre personnages totalement uniques et opposés. Pour les fans du monde de Warhammer comme pour celles et ceux qui apprécient un jeu sortant de l’ordinaire. À essayer!