« Bug définition
En français : se dit d’un défaut affectant un programme informatique.
En anglais : se dit d’un insecte, d’une bestiole, d’un virus…
En 2041, la Terre est confrontée brutalement et simultanément aux deux.
Un homme, seul, se retrouve dans la tourmente, convoité par tous les autres… »

Cet homme, c’est Kameron Obb, l’unique survivant de l’expédition spatiale de retour de Mars. Comme tous ses coéquipiers, il porte dans son cou une étrange créature en forme d’insecte, mi-électronique mi-organique, sauf que lui n’en est pas mort. Mieux, il peut maintenant accéder à toutes les données stockées sur les ordinateurs de la Terre. Il est le seul à pouvoir le faire dorénavant.

En effet, inexplicablement, même si l’origine semble liée à une onde venue de l’espace, tous les ordinateurs, smartphones et autres machines comportant des éléments électroniques ont cessé de fonctionner. Cela interdit donc a l’ensemble de l’humanité d’accéder à leurs données. Pire encore, l’humanité se trouve démunie dans la vie quotidienne sans les machines.

L’idée originale d’Enki Bilal signe son grand retour. Le trait caractéristique du grand auteur s’y retrouve, les couleurs, l’ambiance et surtout une mise en page très classique restent sa signature. Le lettrage du texte a été confié à Fanny Hurtrel et donne encore plus un sentiment de froideur dans ce récit.

Derrière ce texte, il y a la question de l’humanité face au progrès. Quel progrès y a-t-il dans des machines dont nous serions dépendants ? Il nous montre une humanité qui perd ses repères. Parfois, cela nous arrive de nous dire, mais dix, vingt ans en arrière je n’avais pas de smartphone, de GPS et pourtant je ne me sentais pas incomplet. Privons-nous ne serait-ce qu’une journée de ces objets et nous serons au bord du vide.

La question mérite d’être posée. Non qu’il faille créer un corps de néo-luddites pour abattre les machines afin de restaurer une humanité pleinement consciente de son essence. Il faudrait plutôt se demander quelle valeur nous accordons, quels pouvoirs nous déléguons à la machine sans nous mettre en risque d’incomplétude. Alors même que nous nous lançons de grands débats sur ce que devrait être l’intelligence artificielle, nous ne sommes même plus capables de nous passer de simples outils non pensants. Je me demande comment ce récit va se poursuivre.