Buch der balladen est le cinquième album du groupe allemand Faun, un album entièrement acoustique qui témoigne d’un retour aux sources des sonorités médiévales. A l’heure où la culture, musique et cinéma en tête mais aussi littérature, se dématérialise, Faun continue à croire en l’objet CD. Et cet acte d’amour se manifeste par le soin particulier apporté au packaging du disque. Magnifique pochette imitant le style d’une gravure sur bois mais aussi luxueux livret qui reprend non seulement les textes des chansons mais aussi les partitions « l’emballage » redevient alors un objet que l’on a envie de toucher, de dévisager puis de ranger soigneusement dans sa bibliothèque sur l’étagère du haut, celle des chefs d’œuvre de la musique féerique aux côtés des albums de Omnia, The Moon and the Nightspirit ou Caprice.
Musicalement le côté acoustique table bien avec le thème du disque, des ballades médiévales dans leur majorité. Exit la musique néo médiévale et ses accents électro, ce style particulier qui avait largement contribué à établir la réputation du groupe. Sur Buch der balladen, nos troubadours allemands se réfèrent uniquement à leurs harpes, bouzoukis, cornemuses et autres vieilles à roue. L’exploration médiévale de Faun nous emmène bien évidemment en Germanie mais aussi dans le grand froid scandinave. Ce qui permet d’aborder la musique médiévale à travers un prisme différent que celui plus latin des troubadours français. 
Le résultat est magnifique, de la musique médiévale de grande qualité comme en témoigne « Sen Polska », un instrumental suédois raffiné qui ravive les fastes de la cour du roi. Suivront des scènes de liesse et de joie sur la place du village (« Jahrtausendalt ») où une foule populaire oubliera le temps d’une danse la rudesse de l’hiver. 
Les danois de Valravn sont conviés à interpréter une ballade traditionnelle féroïenne (« Brynhildur Tattur »), une chanson de leur terroir puisque la chanteuse du groupe Anna Kathrin est originaire des ces îles.
Faun n’oublie pas non plus son univers Pagan et mystique à travers « Nethegal », ténébreux instrumental qui glorifie la puissance de la forêt, nourricière mais aussi reflet de nombreuses peurs dans l’imaginaire médiéval.
L’onirisme de Faun s’étale aussi sur « Der wilde wassermann », sublime pièce musicale où vieille à roue et flûte rivalisent pour emmener l’auditeur dans de lointaines aventures chevaleresques. « Belle dame sans merci » clôt cette magnifique session de ballades avec la mise en musique d’un poème de John Keats qui à travers son personnage de « femme fatale » se réapproprie les codes de l’amour courtois.