Dans une petite ville des Etats-Unis, une étrange maladie frappe la population adolescente. Ce « virus », sexuellement transmissible, entraîne d’étranges difformités physiques chez les individus qui en sont atteints. Ceux-ci sont mis au ban de la population, rejetés, pour finalement être contraints de disparaître dans la nature. Littéralement.
Le chef-d’œuvre de Charles Burns est enfin disponible en un superbe album regroupant l’intégralité de la série du même nom. Peinture dérangeante d’une jeunesse américaine désespérée, sans espoir et sans avenir, Black Hole nous raconte une tranche de vie de quelques adolescents pour lesquels tout bascule tout à coup, à cause de la maladie. Ce mal, rappelant également sous bien des aspects le sida, est une métaphore du malaise de l’adolescence, où l’on se sent tout à coup différent, incompris, rejeté. Comme dans la réalité, chaque protagoniste réagira différemment, rejetant ou acceptant la situation, certains en faisant même le moteur de leur épanouissement. Le graphisme de Burns, noir et blanc dense mais net, instille un sentiment d’étrangeté appuyant parfaitement le propos.
Black Hole est donc une œuvre forte et majeure qui démontre encore une fois, si besoin était, que la bande dessinée est loin d’être un média mineur. D’ailleurs, le festival d’Angoulême ne s’y est pas trompé puisque le livre de Charles Burns figurait au palmarès de cette année.