Beast sera resté une série atypique jusqu’au bout. Atypique, de part la complexité de son univers. Les dieux-animaux, aux objectifs antagonistes, sont le symbole d’une pensée mythologique reposant sur des archétypes, trois en l’occurrence ici. A l’opposé, les machines sont unies en raison de leur pensée unique. Coincés entre les deux, les humains sont l’expression de l’individualité avec autant de pensés que d’individu. Mais comment concilier ces trois factions au mode de fonctionnement si différent quand il n’est déjà pas possible de régler les dissonances à l’intérieur même de chacune ?

Le récit résolument fantastique se part ainsi d’un discours très politisé, social et écologique. Ou du moins aurait du, car si l’univers s’y prêtait à merveille, le cadre formel catastrophique empêche la lecture de descendre à d’autres niveaux, empêtrée qu’elle est dans une narration incompréhensible. Malgré un sursaut au cours du tome 2, ce dernier tome retombe en effet dans les pires défauts de la série. Les tenants et aboutissants des scènes sont illisibles, quand ils ne changent pas en cours de route ou se trouve en incohérence avec l’action qui se déroule, les transitions sont souvent peu claires…

Difficile de s’attarder, dans ces conditions, sur les qualités pourtant réelles de Beasts, déchiffrer l’action accaparant toute l’attention du lecteur. La série était prometteuse, trop ambitieuse peut être pour l’expérience encore limitée de Thomas Cheilan dans la BD. La prochaine fois peut être ?