Résumé:

Espion pour une académie de sorcier fondée pour prévenir le retour du non-dieu Mog-Pharau, Drussas Achamian se voit confier la mission d’enquêter sur Maithanet. Le nouveau Shriah des Mil Temple se prépare à ordonner une guerre sainte contre les fanims.
Le Mandat, craignant une manœuvre de la Consulte (une cabale de mages et généraux adepte de Mog et qui œuvre à l’avènement de la seconde Apocalypse), demande à Achamian de corrompre deux de ses anciens élèves, Paro Inrau et Nersei Proyas, proches du Shriah.
Complots et tragédies s’enchainent, le vieux sorcier peine à rassembler des preuves, de sombres prémonitions l’étreignent et il est malgré lui amené à rejoindre les troupes se massant à Momemm, siège de l’empire Nansur.

Notre avis:

On est transporté dés les premières pages de ce premier tome qui ouvre la saga de Le prince du Néant de R. Scott Baker.
L’immersion est quasi instantanée, on s’attache très vite au personnage de Drussas Achiaman, homme simple, sensible et maladroit qui se révèle très vite dépassé par le monde qui l’entoure.
Sans attaches, dévoué à la cause de ses maîtres, « Akka » n’a pour seul confident Esmenet, une fille de joie, marquée par la mort de sa fille. L’un et l’autre se refusent à se déclarer leurs sentiments.
Achiaman est un homme usé, torturé par des visions qui lui font revivre la précédente venu de Mog : l’Apocalypse!
Outre ces réminiscences traumatisantes, il en est venu à douter de l’existence de la Consulte. Le scolasticat du sorcier, depuis deux mille ans que son ennemi ne s’est pas manifesté, a perdu sa crédibilité. D’autres, tel celui des Flèches Ecarlates, ont pris le dessus, enrôlant ses anciens élèves.

L’espion n’est pas le personnage principal, ce récit très dense nous invite à en découvrir d’autres. Esmenet, mais aussi Anasûrimbor Kelhus, et Cnaïur, le barbare scylvendi par exemple.
Alignements et caractères nuancés sont représentés dans une liste d’individus qui devient assez vite assez impressionnante, tout comme les références à la géographie, à l’histoire, à la politique et aux religions d’Eärwa : Cartes et annexes de fin de volume se révèlent d’une aide précieuse pour véritablement apprécier ce volume introductif, mettant en place un univers visiblement très étoffé.

Le style du canadien R. Scott Bakker (qui a signé plus récemment Neuropath, un thriller (Bragelonne)) se révèle lui aussi assez ardu, ses études littéraires n’y sont sans doute pas pour rien.
Son récit, par bien des aspects, se révèle également très sombre, à l’image de ses protagonistes, torturés. Sexe et violence sont abordés dans certaines scènes de façon très explicite.
Le rythme se révèle très soutenu, l’écrivain utilise ses multiples personnages disséminés sur le continent pour s’abstenir de descriptions ou de scènes qui auraient rendu l’œuvre encore plus fastidieuse.

La découverte de ce roman représente un investissement qui pourrait décourager les lecteurs au regard de la production fournie ces dernières années en matière d’Heroïc fantasy: beaucoup d’ouvrages adoptent une écriture « plus abordable » et des intrigues plus simples.

Il parait nécessaire toutefois de signaler que « Le prince du néant » est une trilogie (Autrefois les ténèbres, Le guerrier prophète, et Le chant des sorciers) dont les tomes sont dans leur intégralité désormais édités aux éditions Fleuve Noir. (Pocket pour la version poche)

Un premier roman remarquable et original, que les fans du genre se doivent de mettre en tête des prochaines séries à lire.