Un aréopage de scientifiques est constitué secrètement par l’armée américaine pour une mystérieuse mission. Généticiens, chimistes, physiciens… et parmi eux un linguiste, Danko Orton, qui découvre vite de quoi il est question : un énorme vaisseau extraterrestre a fait son apparition entre la Terre et Mars, et il va s’agir de partir à sa rencontre pour établir le premier contact…
Le space opéra est un genre éprouvé, pourtant il réserve encore de très bonnes surprises telles qu’Attraction, robuste album de 122 pages que l’on doit, pour le scénario, à Jerry Frissen, l’actuel rédacteur en chef de la revue Métal Hurlant. Installé depuis 20 ans à Los Angeles, Frissen est parti d’une situation déjà vue moult fois, notamment au cinéma (Rencontres du troisième type de Spielberg, Premier Contact de Denis Villeneuve…), pour dévier vers quelque chose d’assez insolite et, pour le coup, tout à fait inédit : loin de ressembler à des clones d’E.T. ou de l’extraterrestre de Roswell, les gracieux visiteurs de l’espace — les « Eo’Tarx » — sont dotés grosso modo des même caractéristiques physiques que les humains, sex-appeal compris. Ainsi Nomi, l’homologue du linguiste Danko Orton dans la délégation extraterrestre, est une très jolie créature, et elle n’est pas insensible au charme de l’Américain. Leur attraction réciproque sera peut-être l’élément perturbateur qui va mettre en péril la bonne tenue des échanges et des négociations diplomatiques entre les peuples.
La plus-value érotique de l’histoire est un des atouts indéniables de l’album, qui prend le temps de ménager des épisodes très sensuels mettant en scène les deux héros. Les brutes galonnées de l’armée US voyant d’un très mauvais œil cet accouplement « contre-nature », l’amour entre Nomi et Danko pourrait bien être voué à l’échec. Xénophobie et préjugés raciaux trouvent naturellement leur place et leur importance, constituant la thématique de fond du récit, qui n’hésite pas à mettre en parallèle l’histoire de Nomi et Danko et le problème, bien réel celui-là, de l’hostilité des franges les plus réactionnaires de la société — ici, américaine — contre les unions entre Blancs et Noirs. Et l’entreprise est portée par les pinceaux inspirés de l’Italien Roberto Zaghi, qui n’hésite pas, comme ci-dessus, à associer dans les mêmes vignettes la douceur des ambiances intimistes et le vertige des sorties spatiales.
En librairie aujourd’hui, 4 octobre 2023.