L’histoire de ce roman commence lorsqu’un jeune journaliste, Stéphane Gautier, se voit envoyé en mission au Kazakhstan pour écrire un article sur l’une des plus importantes catastrophes écologiques du XXe siècle: la quasi-disparition de la mer d’Aral.
   Entourée par le Kazakhstan au nord et l’Ouzbékistan au sud, cette mer intérieure d’Asie centrale était, en 1960, la quatrième surface fermée salée mondiale puisqu’elle couvrait 68 000 km². Hélas, suite au détournement de deux de ses fleuves principaux, elle n’a cessé de diminuer, entrainant pauvreté et famine chez les autochtones vivant principalement de la pêche.
   À peine parvenu sur place, Stéphane Gautier se fait dérober sa valise, et, lorsqu’il parvient à la récupérer, c’est tout juste si la police locale ne l’accuse pas de négligence. Face à l’attitude bornée de ses interlocuteurs voyant en lui un arriviste étranger, le pauvre voyageur se trouve «sauvé» par une jeune femme qui prend sa défense. Profitant de l’occasion comme de la beauté de la sylphide, Stéphane «l’embauche» comme interprète et guide afin de faciliter son reportage. L’homme se retrouve alors embarqué dans une sombre histoire mêlant intimidation, shamanisme, légendes et réalité. Entre son travail de reporter, son attirance pour son cicérone féminin, les actes malveillants à son encontre, la découverte du tombeau d’un antique héros et les conditions météorologiques, le personnage principal ne sait plus où donner de la tête. Sans parler de la capacité singulière de son interprète de guérir rapidement de ses blessures qui, parfois, la blessent quelques minutes avant le danger proprement dit, l’esprit cartésien du journaliste est mis à rude épreuve.
   Comme vous l’aurez compris, malgré son classement dans la collection SF Today des Editions Interkeltia, force est de constater que Aral, de Alex Darnel, n’est pas un roman de science-fiction. L’histoire oscille plutôt entre policier et aventures tout en frôlant un fantastique «technique» axé sur les secrets de l’ADN humain. Si le style à la première personne rebute un peu au début de la lecture, son choix devient rapidement évident puisqu’il permet de mieux comprendre le point de vue de Stéphane Gautier malmené dans ses sentiments comme dans ses convictions profondes d’homme occidental.
   Un voyage dépaysant et initiatique sur le site d’une région sinistrée par la loi du profit où les habitants continuent à espérer en d’anciennes croyances populaires pas forcément toutes inexactes. Une histoire de rencontres et de découvertes sur fond de misère et de préjugés. En un mot: captivant!
   Un premier roman qui affirme le talent de son auteur.