« Aujourd’hui, nous voyons comme dans un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face »
Voilà ce que Paul de Tarse annonçait au monde, il y a plus de 2000 ans…
Catherine Hamilton ne connaît pas et n’a jamais lu Paul de Tarse. Elle va pourtant devenir l’un de ses plus illustres témoins…. Catherine est une Martienne qui vit au cœur de la tentaculaire mégapole Nouvelle-nouvelle Orléans, une très ancienne colonie terrienne. Fuyant les enjeux géopolitiques qui menacent l’équilibre fragile de sa cité, Cat consacre l’essentiel de son temps à revêtir l’armure des chevaliers pour ferrailler contre d’improbables ennemis… Comment ? En s’enfonçant au creux de poignet le câble de connexion qui la reliera au très célèbre jeu de simulation “Guerres Médiévales”. L’illusion est totale ! Mais provisoire… Il faut dire qu’Alice, la fillette imitatrice et turbulente que Catherine rencontre toujours dans sa cour d’immeuble, assise sur sa moto, offre à cette dernière un regard tout nouveau sur la vie et la sort progressivement de sa taciturnité. Mais pourquoi Alice veut-elle tant ressembler à sa grande voisine ?

Notre avis :

Jouant sur le thème du miroir et du rapport entre rêve et réalité, thématique chère à Lewis Carrol (d’où, bien évidemment le prénom d’Alice), les auteurs nous offrent un moment irréel. Irréel d’abord par la finesse du dessin qu’on ne peut s’empêcher de contempler au travers de ces visages aux mimiques multiples, de ces décors somptueux et d’une certaine étrangéité qui s’installe au fil des planches. Irréel par le récit qui se termine de façon obscure, qu’on ne peut comprendre qu’à demi-mot tellement les univers s’emboîtent et s’imbriquent les uns dans les autres. Irréel enfin par le lieu choisi, Mars, cette planète qui fait rêver les hommes comme autrefois la Lune mais où Futur et Passé s’alignent et nous perdent comme égarent ces deux héroïnes. Irréel mais tellement réussi, comme une parenthèse dans notre vie quotidienne, une porte ouverte et refermée, un coup d’œil jeté dans le miroir, au-delà de notre reflet, quelques secondes volées à un monde que l’on ne peut que deviner à défaut de le toucher.