Alice, désormais âgée de 19 ans, retourne dans le monde fantastique qu’elle a découvert quand elle était enfant. Elle y retrouve ses amis le Lapin Blanc, Tweedledee et Tweedledum, le Loir, la Chenille, le Chat du Cheshire et, bien entendu, le Chapelier Fou. Alice s’embarque alors dans une aventure extraordinaire où elle accomplira son destin : mettre fin au règne de terreur de la redoutable Reine Rouge.

Le nouveau Tim Burton tant attendu sort mercredi 24 mars sur nos écrans. Remplit-il nos attentes ?

L’histoire
Le scénario du film est simple: il reprend Alice au Pays des Merveilles et Alice: de l’autre côté du Miroir de Lewis Caroll. Rien d’extraordinaire, vous me direz, eh bien si, car n’ayant ni aimé le livre ni le dessin animé de Disney, j’ai été conquise par celui de Burton pour la simple et bonne raison qu’il ajoute à l’œuvre son propre univers. La plupart des personnages sont connus exceptés quelques-uns. Stayne le Vallet de Cœur est un personnage que j’avais complètement oublié. Crispin Glover interprète d’une brillante façon cet homme soumis et peu intelligent. Ses mimiques connues dans Retour vers le Futur ressurgissent pour notre plus grand plaisir.


Mally le loir m’était sorti de la tête et malgré son caractère mignon, la petite femelle n’a pas une grande importance.


Les autres personnages de cet univers sont tous bien ancrés dans notre mémoire. Commençons par Alice, notre héroïne. Je l’ai trouvée peu intéressante et très effacée. L’actrice manque de charisme pour jouer cette jeune fille un peu tête en l’air et maladroite. L’équipe a voulu faire du personnage une "adolescente plus concrète, plus réaliste", mais pour moi cela ne fonctionne pas à l’écran. Mia Wasikowska est un peu molle et on a l’impression qu’elle n’est pas motivée par le rôle. C’est le point le plus négatif du film, car l’héroïne qu’on nous présente manque de consistance.


Le Chapelier Fou est le second personnage principal et qui de mieux pour l’interpréter que Johnny Depp ? Personnage complexe et pas toujours sain d’esprit, le Chapelier Fou erre en compagnie du Lapin de Mars depuis que la Reine Rouge a pris le pouvoir. Il était le chapelier de la Reine Blanche pour qui il créait toutes sortes de chapeaux originaux. Il regrette amèrement ce temps passé où la joie de vivre était sa raison d’être. Depuis qu’Alice a quitté Wonderland, il a sombré dans la morosité et ses amis attendent avec impatience le jour où il retrouvera le bonheur. Seulement le Chapelier Fou n’a pas tout perdu : il possède encore un humour décapant ! Johnny Depp a choisi une attitude et un phrasé particuliers pour ce nouveau rôle excentrique. Il faut savoir que l’acteur s’est vraiment investi pour ce rôle puisqu’il a fait de nombreuses recherches sur les chapeliers qui l’ont conduit à dessiner son costume et ses maquillages. C’est également lui qui a décidé de rendre le personnage souffrant légèrement de schizophrénie. Le résultat est excellent !


Helen Boham Carter interprète la cruelle Reine Rouge. Ses actions et répliques sont souvent incohérentes et sa fâcheuse tendance à hurler ajoute de l’humour au film. Son costume est particulièrement réussi.


La reine Blanche est une caricature de la reine gentille et charmante qui pense que le monde est rose. Elle est niaise et ridicule, mais tout ceci est clairement fait exprès et il faut bien l’intégrer pour ne pas penser que Burton s’est contenté d’ un cliché. On se rend vite compte que la belle dame aimerait bien laisser parler son côté sombre…


Le lapin blanc reste fidèle à lui-même.


Quelle joie de retrouver Alan Rickman pour la voix de la chenille philosophe Absolem ! Moins comique que dans le dessin animé, il tente de savoir si cette Alice est bien la bonne. Les intonations et les fluctuations de la voix de Rickman s’accordent parfaitement au personnage.


Chess, l’incontournable chat invisible, ressemble dans le film à une grosse peluche. Le personnage ne m’avait pas marquée dans le dessin animé et je l’avais trouvé plutôt désagréable. Ici, Burton a voulu ajouter au film un personnage uniquement destiné aux enfants et pour moi il s’agit de Chess. Son ronron incessant, son grand sourire et ses yeux très expressifs font un peu penser au Chat Botté de Shrek.


Les jumeaux Tweedledee et Tweedledum sont sans conteste les personnages comiques du film. Les gags qui leur sont associés sont plutôt drôles et pas rébarbatifs. Leur présence n’étant pas indispensable, Burton a veillé à ce qu’ils ne soient pas trop mis en avant.


Le lapin de Mars est un personnage déjanté dont le cerveau est grandement atteint. La fameuse scène de la "tea-party" est un régal de fantaisie et d’absurdité.


Le Jabberwocky est le monstre que doit combattre Alice. Interprété par Christopher Lee, il n’est pas assez présent. Son caractère et son origine ne nous sont pas du tout expliqués et son apparition finale manque de surprise et de panache. La scène de combat entre lui et Alice est cependant bien chorégraphiée.

Pour conclure la partie personnages, j’ai trouvé leur nombre un peu trop élevé, ce qui amène parfois une certaine confusion.

Ce qui manque au niveau du scénario, c’est un véritable fond. Le film manque de profondeur et à part les côtés divertissants, délirants et féeriques, il n’y a pas vraiment de thèmes exploités. Certains thèmes sont esquissés, comme l’adolescence, le pouvoir, la connaissance, mais ne sont pas franchement développés. Les deux productrices du film expliquent que la scénariste leur a proposé une histoire "politique où les habitants de ce pays […] sont des révolutionnaires". Honnêtement, je ne vois pas du tout à quels moments ce thème est abordé. L’accent est surtout mis sur la folie des habitants de Wonderland.

La BO de Danny Elfman, comparse de toujours de Burton, est féerique et nous entraîne dans un incroyable voyage auditif qui accompagne et suit chaque plan. J’avoue avoir de l’affection pour le générique final interprété par Avril Lavigne. L’ensemble est doux et sucré avec quelques notes sombres quand il le faut.

L’animation et le visuel
Alice au Pays des Merveilles est un film en 3D dans lequel se mêle live-action et animation. Richard Zanuck, le producteur, explique que Burton a créé un lieu "enchanteur, drôle et étrange. Il est aussi d’une grande complexité et pour en saisir tous les détails, il faut y regarder à deux fois". Cette phrase résume bien l’univers visuel inventé par le réalisateur. D’ailleurs, il est certain que j’irai le voir une deuxième fois afin de tout saisir et de bien intégrer les détails de cet univers fantastique.

Sans grande surprise, le visuel du film est son point fort. Mais il ne faut pas non plus oublier les costumes et les maquillages qui tiennent une grande place. Chaque personnage possède son propre style vestimentaire et maquillages collant à leur personnalité.

Comme dans tous les films de Tim Burton, l’univers visuel est très vaste et passe d’une ambiance colorée et acidulée



à une atmosphère noire et lourde.


Le réalisateur sait jouer avec la lumière, ce qui donne ce charme féerique au film. Les couleurs sont éclatantes et les textures affinées.

Les décors sont sublimes, mais parfois trop fournis.



Les deux châteaux sont grandioses et s’opposent l’un à l’autre aussi bien en termes de couleurs que d’ambiance et de végétation.



Pour moi, les décors de la forêt sont les plus réussis (et les plus présents à l’écran d’ailleurs) avec ses roses parlantes, ses champignons géants et ses créatures très particulières.


La 3D est aboutie et l’animation des personnages imaginaires tels le lapin blanc ou l’armée de cartes de chacune des reines est assez magique. Cette fois-ci, les lunettes 3D servent à quelque chose puisqu’on assiste à quelques jolies projections (sans être trop kitch). Les lunettes nous plongent directement au cœur de Wonderland aux côtés d’Alice.

CONCLUSION
Alice au Pays des Merveilles est un film jouissif qui plaira aux enfants ainsi qu’à tous les adultes passionnés par l’univers de Burton et Caroll. Si le film avait été porté par des valeurs un peu plus fortes, il aurait été parfait. Courez, courez-y vite! Il n’y a pas de temps à perdre!

Vous pourrez poursuivre l’aventure grâce à plusieurs livres liés au film qui sortent en fin de mois!