De prime abord, Alexandre Dainche a tout l’air droit sortie d’un film de Peter Jackson. Un physique et une carrure de guerrier ! Et puis rapidement on se rend compte que l’on a affaire à un artiste talentueux, qui travaille le dessin et ses couleurs avec subtilité. Ce jeune artiste, qui a failli être commercial, travaille régulièrement pour le monde du jeux, nous entraîne dans des univers plein de magies, de combats et de créatures étranges.

Khimaira : Quel est votre parcours ?
Alexandre Dainche : Il est très simple finalement. Après des études commerciales et quelques petits boulots par la suite, je me suis lancé dans l’aventure de l’illustration en essayant de me perfectionner techniquement (anatomie, perspective, couleurs, …), de me créer un book, puis de me jeter littéralement dans l’univers de l’édition.
Comme l’école qui pour moi était le summum (les Gobelins) était trop coûteuse, et ajouté à cela un âge limite pour y entrer, j’ai finalement appris en achetant tous les bouquins susceptibles de me faire évoluer.
Depuis 2006, j’ai la chance de vivre de ma passion et c’est la plus belle chose qui me soit arrivée.

K : Quelle est votre technique de travail ?
AD :
Ma technique de travail a évolué avec le temps et ce, pour plusieurs raisons.
J’ai commencé par l’aquarelle/gouache. Cela m’a vite frustré car les couleurs restaient assez fades à mon goût. Alors je me suis dirigé vers l’acrylique qui a l’avantage de la technique à l’huile sans ses inconvénients, comme la rapidité de séchage. Je pensais évoluer avec celle-ci, mais les coûts que cela engendre, la demande de rapidité des éditeurs et surtout les envois et les protections que cela implique pour que la toile ne se dégrade pas durant le trajet, m’ont fait basculer vers le numérique.
Et là ce fut la vraie révélation!
Une infinité de couleurs, revenir en arrière pour gommer ou changer à l’envi, en sont quelques exemples.
Je conserve ma façon de peindre en tradi mais sur un support numérique et c’est réellement plaisant. Je n’ai jamais autant évolué qu’à travers cette façon de mettre en couleurs. Car en dehors de la colorisation, je m’applique à garder le toucher du papier quand je crayonne. Il ne faut, à mon sens, jamais abandonner le rapport premier aux « vraies matières » que sont la feuille et le crayon. Je crayonne, je scanne et je me lance dans la colo. C’est pour moi un bon compromis entre le tradi et le numérique.

K : Qu’elle est votre univers de prédilection ?
AD :
Tout ce qui à trait à l’imaginaire. Je me retrouve plus dans le domaine de la fantasy que de la SF, mais je ne rejette rien, tout me plait. J’aime à relever des défis et me prouver que je peux le faire. Quand on voit mon cv sur mon portfolio en ligne : http://pagesperso-orange.fr/alexandre.dainche/ , on remarque que l’on me demande d’explorer des univers variés, parfois même hors des sphères de l’imaginaire. Et c’est ça qui me plait. A rester ancré dans un seul monde, je crois que je m’ennuierai.

K : Quelles sont vos références ?
AD :
Mes références: oh ! Il y en a tellement mais en premier lieu: Tetsuya Nomura. Son style me touche profondément, son trait est fin, précis et d’une classe folle. Ensuite comme beaucoup d’illustrateurs, je pourrais citer Frazetta pour son sens remarquable de l’anatomie, Alan Lee et John Howe pour leurs travaux respectifs et pas seulement le Seigneur des Anneaux, Paul Bonner, un autre « grand », Alex Ross et sa maîtrise incroyable. L’univers Marvel n’est jamais autant sublimé qu’avec sa patte. Il y en a encore bien d’autres mais ce serait deux pages qu’il me faudrait !

K : Quelle est votre actualité ?
AD :
En ce moment je travaille sur un jeu de société appelé « Carpathes » dans l’univers des vampires pour les éditions TRY. Un sujet encore une fois fort intéressant et qui me permet de me plonger dans un univers que je n’avais jamais exploré. Je suis, en parallèle, sur un livre d’art sur le thème du western pour les éditions Auzou. Tout ce que je peux dire c’est que c’est un énorme boulot puisqu’il y a des dizaines d’illustrations à fournir. Un défi assez enthousiasmant aussi.
Cela devrait sortir en fin d’année.
Et puis je suis toujours responsable artistique du magazine Jeu de Rôle Magazine où je m’occupe de tout l’aspect graphique. Le recrutement des illustrateurs, la couverture et le design interne (en association pour ce dernier avec la maquettiste). Je suis aussi responsable de la rubrique ART, ce qui me permet de mettre en avant des artistes francophones que j’estime beaucoup, et de « Dessine-Moi… » où un illustrateur crée un environnement, un personnage, un objet, et à partir de cela un auteur décrit selon les codes du JdR les caractéristiques nécessaires à le rendre jouable.

K : Quels sont vos projets ?
AD :
Comme je le disais ci-dessus, je vais tout d’abord finir les gros contrats en cours qui monopolisent tout mon temps. Gérer aussi la boutique que je viens d’ouvrir en ligne avec ma compagne Magali Villeneuve, illustratrice aussi, et qui en quelques jours a déjà rencontré un joli succès. http://www.doseima.kingeshop.com/
Je suis en contact avec divers éditeurs pour quelques projets en 2010. Nous sommes en négociations, donc je ne peux en parler pour l’instant.
Je poursuis également le projet en association avec ma compagne : le projet L.D.T. Il s’agit de la création d’un univers aussi complet que complexe. Ce projet mélange la création d’un roman, ou plutôt d’une « saga » en plusieurs tomes et l’illustration. Cela nous prend le peu de temps de libre que l’on a et occupe de nombreuses nuits blanches. Ce projet me tient particulièrement à cœur et ce, depuis de nombreuses années maintenant. J’ai en charge la partie illustration et scénaristique. Quant à ma compagne, elle s’occupe de l’écriture, du scénario aussi et parfois, quand je n’ai pas de temps, de la colorisation de mes dessins. http://projet.ldt.over-blog.com/

Et puis à titre personnel, j’ai quelques projets qui me trottent dans la tête depuis quelques temps et qui, dès que le temps me le permettra, finiront, je l’espère, par naître sur le papier.
En résumé, je suis toujours en quête de connaissance, d’apprentissage, d’évolution.