Depuis longtemps annoncé, le premier album du pianiste de Ashram, Luigi Rubino, vient enfin de sortir. Son titre reflète à lui tout seul toute la philosophie de l’album A theme for the moon. Un titre en forme de promesse qui résume à merveille le poids des notes du pianiste italien. La pochette symbolise cette mythologie bien connue où un lever de rideau dévoile les traits obscurs d’un paysage lunaire où deux danseuses exécutent les mouvements de leur destinée. Les doigts de velours de Luigi Rubino viennent transpercer cette nuit voilée et s’accapare entièrement notre corps perdu par la grâce qui se dégage de cet album. En digne héritier de Erik Satie (ou de Debussy et Chopin), Luigi sait peser chacune de ses notes et les égrener avec une parcimonie troublante. Evidemment, bien qu’étant en solo, l’ombre de Ashram plane sur cet album, la présence du violon et la voix de Sergio Panarella sur « Glace of dust » n’étant pas étrangère à cette sensation. D’autres voix, féminines cette fois, viennent cristalliser l’émotion du piano (« Last dance », « Les larmes d’automne »). La touche romantique et mélancolique, clairement assumé par le compositeur, est parfois bousculée par des morceaux plus aériens (« Every desire »).
Les titres traduisent une certaine mélancolie et les accords entêtants témoignent de cette quête perpétuelle d’un bonheur qui nous fuit et qui nous échappe. Et dans cet univers, les pérégrinations du soldat de plomb Luigi Rubino le mèneront au Portugal (« Melancholic Lisbon »), aux balbutiements de l’amour (« Before love ») et le pousseront à aller voir au-delà des nuages. « Behind the clouds » est une véritable pièce d’orfèvre qui nous mènera jusqu’au firmament, loin là haut à la recherche d’une brèche dans la voûte céleste, une brèche en forme d’échappatoire, en forme de dernière danse avec la lune…