Le 4ème siècle avant notre ère. Ravagée par des guerres incessantes, la Chine est séparée en sept royaumes et une multitude de villes-états. Parmi celles-ci, la cité de Liang s’apprête à être assiégée par la puissante armée de Zhao. Désemparés, les habitants de Liang font appel à la tribu du philosophe Mozi, réputé pour son art de la stratégie. Ge Li, un disciple de Mozi, se présente alors aux portes de la ville, seul et sans armes…

Voilà un film que j’aurais adoré si je l’avais découvert à l’âge de dix, onze ans. Ge Li, le héros, apparaît tel un loup solitaire, loyal et droit, et les épreuves qu’il traverse révèlent autant son aptitude au combat que son intelligence et ses qualités humaines. Des atouts d’autant mis en valeur qu’autour du héros gravite un large échantillon de pleutres, de vaniteux, de meurtriers sans scrupules, chez ses ennemis mais aussi et surtout dans son propre camp.

    

Bien sûr, quand on n’a plus onze ans, on n’est plus autant subjugué par le charisme du héros, et on ne peut que poser un œil critique sur les éventuels défauts du métrage, tels, ici, des trucages infographiques très voyants, qui vont jusqu’à ruiner l’impact émotionnel de plusieurs scènes. On peut aussi difficilement ne pas tiquer devant les raccourcis étonnants du montage (des coupes maladroites ?), qui mettent à mal la cohérence du récit, et devant les anachronismes d’une des séquences finales, bêtement spectaculaire, où les soldats ennemis prennent l’assaut de la ville fortifiée à bord de montgolfières, 2000 ans avant leur invention !

    

Mais je suis peut-être trop sévère, ou trop cynique. Adaptée du manga japonais Stratège (une saga en 11 volumes de Hideki Mori, disponible en France), cette superproduction en mandarin, fidèle à la tradition chinoise des grands films en costumes, convoque tout de même plus d’un talent (Andy Lau — toujours impeccable — dans le rôle principal, Kenji Kawai à la musique) et véhicule un discours aux valeurs humanistes qu’on aurait tort de bouder.