Loin des hautes instances catholiques, à mille lieues des intrigues de couloirs du Vatican, le père John Brennan est une des chevilles ouvrières de l’Église catholique. Sa spécialité ? L’exorcisme, pratiqué en tout lieu y compris dans les pueblos perdus du fin fond de la Colombie. Le franc-parler du bonhomme, ses méthodes musclées et son look à la Bruce Willis en ont fait une persona non grata au Saint-Siège, mais c’est pourtant là-bas que l’attend sa plus périlleuse mission : derrière les colonnades de Saint-Pierre et jusque dans les appartements pontificaux, le diable est à l’œuvre, et la bataille contre le Mal sera très dure à mener…

On a beau dire que l’église est en perte de vitesse, qu’à la messe les fidèles se font rares, les arcanes du Vatican demeurent un sujet de fascination pour bon nombre de curieux. Il n’y a qu’à voir, pour s’en convaincre, le succès remporté il y a peu par le film Conclave d’Edward Berger, et bien sûr, cette année, l’élection à grand bruit médiatique du nouveau pape Léon XIV. Mais ce qui nous attend dans les pages de Rituel romain n’a rien de comparable. L’album reprend à son compte l’imagerie et les mises en scène popularisées depuis moult années par le cinéma d’horreur, par L’Exorciste bien sûr (auquel les auteurs font très honnêtement et très clairement référence) mais aussi par plein d’autres qui ont suivi (jusqu’au récent et fort macabre When Evil Lurks de l’Argentin Demián Rugna). L’originalité vient surtout du cadre, le Vatican, et du lien tissé par le scénario entre l’intrigue horrifique et une question sensible, bien réelle, qui, depuis maintenant un certain nombre d’années, ébranle la sphère catholique (et nul besoin de s’appeler Sherlock pour deviner de quoi il s’agit). Au-delà du simple horror show, l’ouvrage y gagne en pertinence autant qu’en profondeur. Visuellement, attendez-vous à de sacrées ambiances : à la couleur et au dessin, Sandra Molina et Jaime Martínez accomplissent des miracles, ou en tout cas des merveilles.

En librairie le 18 juillet 2025.