Résumé :

 Un faisceau de circonstances, l’achat sur ebay des mémoires d’un inspecteur de police, un incident anodin dans la queue d’une pâtisserie qui va lui remémorer un de ses amis hanté par Nathaniel Hawthorne va amener Lee Harwell à écrire un livre sur une messe noire animée par un « gourou » du nom de Spencer Mallon.

 A l’époque, contrairement à ses camarades et sa femme actuelle, il avait refusé d’y participer et a dû faire face depuis au silence de ceux-ci sur le sujet.

 Avec l’aval de son épouse, Lee part donc à la recherche de ses anciens amis et autres témoins.

Notre avis :

Peter Straub a connu des jours meilleurs ! On se souvient de sa trilogie « Blue rose » ou encore de «  Mr X. » (Prix Bram Stoker en 1999) et surtout de sa collaboration avec Stephen King sur « Le talisman » et « Territoires » ; des romans brillants aux frontières du polar, du fantastique et de l’horreur.

Cette « messe noire » (« A dark matter » en VO), le dernier roman paru de l’écrivain septuagénaire, manque quelque peu d’éclat en comparaison !

Sans doute à  cause d’un style, d’une construction pour le moins tarabiscotée qui provoquera un certain rejet de la part des amateurs d’action pure et de récits linéaires. Les retours en arrières et ellipses sont nombreuses.

Malgré ces précautions d’usage, je dois reconnaître que, pour ma part, j’ai beaucoup aimé ce roman littéraire où le fantastique reste très diffus et où, insidieusement, on en vient à s’interroger sur la vie à travers l’enquête à laquelle se prête le héros écrivain.

Il y a, comme dans « Ca » (tant qu’à citer une seconde fois le « King » !), ce parallèle entre les personnages adolescents et les adultes qu’ils sont devenus affectés par cette « messe noire ».

L’amour que Lee  éprouve pour sa femme « l’anguille » parait de ce fait fort et très attachant, tout comme la majorité des protagonistes avec leurs surnoms et leurs traumatismes respectifs.

Force est de reconnaître (autre similitude) qu’on en arrive également à s’interroger sur le processus créatif propre aux écrivains.

Peter Straub, par l’entremise de Lee Harwell, s’amuse là encore. Il nous propose les mêmes scènes d’un point de vue différent, en réécrit entièrement certaines.  Un jeu qui se ressent jusque dans la typographie et la mise en page !

D’autre part, j’ai été agréablement surpris du décalage entre le titre et ce que mon imaginaire y raccrochait. C’est sans doute là aussi la raison de potentielles déceptions, cette traduction pleine de sous-entendus !

La quatrième de couverture me parait également relativement trompeuse avec ce que Straub propose au final.

Pas de démon satanique vaguement identifiable comme on pourrait s’attendre d’une histoire se déroulant dans les années soixante avec pour personnage un gourou à la Charles Manson, mais des entités issues de références plus pointues de l’ésotérisme (Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim et son « De occulta philosophia ») ; les références en tout genre sont nombreuses.

Des « monstres » mis en scène à la façon de la fantasy mythique que l’on trouve chez Robert Holdstock (« La Forêt des Mythimages »).

Surprenant, remarquable, véritablement original sont les quelques qualificatifs qui me viennent à l’esprit pour résumer ma découverte de ce roman littéraire d’épouvante disponible aux éditions Bragelonne.