Ils ont pour patronymes V. Morbistopheles Jones, M. Archistrategos Barber, M. Xaviculus Bell, C. Hyperiax Bowes et E. Wizardthrone Brown. C’est un peu compliqué à retenir, mais si le metal extrême est comme du miel à vos oreilles, vous apprendrez à les aimer sous leur nom collectif Wizardthrone. Nouveau projet de Christopher Bowes (alias « Hyperiax », il est sinon le chanteur d’Alestorm et le claviériste de Gloryhammer), Wizardthrone sort le 17 juillet son premier album Hypercube Necrodimensions. Ci-dessous un premier extrait, suivi d’un entretien avec Mike Barber, un des deux guitaristes de la bande.

Khimaira : Bonjour Mike, ou dois-je t’appeler Archistrategos puisque c’est ton nom de scène dans Wizardthrone ?

Mike Barber (rires) : Non, simplement Mike, ce sera parfait !

Wizardthrone sort son tout premier album sous l’étiquette « wizard metal », ce qui, pour moi, a tout l’air d’une expérience de geek ultime en matière de heavy metal…

Oui, il y a un peu de ça. Nous n’avions pas envie de nous rapprocher d’un style de musique déjà existant. À nous cinq, on aime à peu près tout ce qui existe en matière de metal, alors quand nous avons débattu de ce que nous voulions faire, on a un peu tout jeté dans la marmite en ne se fixant aucune limite, dans la mesure où on obtenait un résultat qui tienne la route.

Vous venez tous d’horizons et de groupes différents. Comment vous êtes-vous retrouvés à composer ensemble ?

On se connaît tous depuis longtemps. Le projet est né entre Chris Bowes, notre claviériste, et moi. L’idée du nom ‘Wizardthrone’ remonte à presque dix ans, à l’époque où Gloryhammer se préparait pour sa toute première tournée : Chris tenait à ce que je monte un groupe de mon côté pour pouvoir partir en tournée avec eux, parce qu’il n’arrivait pas à trouver une formation qu’il aimait assez pour leur proposer de les accompagner. Alors on était là, à vider quelques bières, et je me suis dit « Oui, pourquoi pas, on pourrait appeler ça Wizardthrone, tiens ». Bon, les choses sont restées longtemps à ce stade. Chris m’a recontacté régulièrement pour me demander où j’en étais, si je pensais toujours à créer Wizardthrone et partir conquérir le monde, tout ça… Mais j’étais toujours occupé à autre chose. On a fini par remettre ça sur le tapis un peu plus sérieusement quand il m’a déclaré vouloir monter un projet de metal extrême, un peu comme on en écoutait quand on était encore gamins.

Et c’est ainsi que les choses se sont débloquées…

Oui, je me suis mis à prospecter un peu à droite, à gauche, en quête de talents. L’an dernier, j’ai passé du temps en tournée avec Nekrogoblicon. Notre batteur se prénomme Eric, c’est vraiment une pointure alors tout naturellement, je suis allé le voir et je lui ai demandé en toute simplicité : « Hé mec, ça te dirait de faire du metal extrême avec Chris et moi ? ». L’idée lui a plu, ça lui trottait déjà un peu dans la tête de donner dans ce style. Du coup, on s’est mis à composer. Chris, de son côté, nous a envoyé les paroles de la chanson-titre de l’album. Il les avait écrites il y a longtemps, à l’époque où il était étudiant en fac de maths. Il les avait laissé ensuite traîner dans son ordi, pendant plus de dix ans. On a bossé là-dessus, c’était un peu bizarre comme mélange : des couplets qui parlent de mathématiques, associés à du black metal bien barré.

C’était bizarre mais ça a tout de suite fonctionné ?

Oui, j’ai trouvé ça parfait, et les autres gars aussi ! Alors on a continué sur la même lancée, on a écrit quelques chansons de plus dans la même veine.

Le chant guttural, c’est un choix qui s’est imposé dès le début ou est-ce que vous avez envisagé aussi le chant clair ?

Il y a peut-être eu un ou deux moments, mais alors très brefs, où on a pensé à enregistrer un peu de chant clair. Mais avec ce style de musique, ça ne colle pas très bien, alors on s’est vite rabattus entièrement sur le chant « death ». C’est pour ça, aussi, qu’on a demandé à Jake, notre chanteur, de nous rejoindre dans Wizardthrone. On adore tous ce qu’il fait avec son groupe Æther Realm, il a une voix très caractéristique, unique.

Et à mes oreilles, l’album sonne très masculin : j’ai un peu l’impression d’une tracklist composée par des mecs à l’intention d’un public de mecs… Ta copine serait peut-être d’accord avec moi ?

Eh bien, c’est une metalleuse elle aussi, mais oui, il y a des morceaux qu’elle préfère à d’autres, ceux avec quelques passages un peu moins rapides. Et ce que tu dis n’est pas faux : l’idée du groupe, c’était vraiment de retrouver notre esprit de garçons ados, quand on découvrait tous les groupes de metal, par exemple Children Of Bodom ou Dimmu Borgir. Quand tu entends ça pour la première fois à 14 ans, ça te souffle complètement, et après, en prenant de l’âge, tu t’habitues, et il n’y a plus grand-chose qui arrive à te faire le même effet. On voulait vraiment retrouver ce feeling avec Wizardthrone.

Pour en revenir aux maths, est-ce que les paroles s’appuient sur des notions scientifiques solides ou est-ce que c’est juste de l’esbrouffe de nerd ?

Sûrement un peu des deux. Les paroles que j’ai écrites sont plus tournées vers la science-fiction, tandis que celles qu’on doit à Chris ont quelque chose à voir avec ce qu’il faisait à l’université, quand il bossait sur la dynamique des fluides pour son projet de fin d’études. Du point de vue des maths, ça reste lui l’expert, mais on a tous pensé, lui comme nous, que ce serait rigolo de mêler les faits scientifiques à la fiction.

J’ai relevé quelques images très lovecraftiennes dans certains morceaux…

C’est juste, on est tous pas mal fans de Lovecraft. En fait, une bonne partie de l’inspiration nous est venue de Bowser, un groupe britannique des années 1990 dont les textes étaient tous écrits en hommage à Lovecraft. D’où le côté verbeux et exubérant de certaines paroles. Mais on pourrait citer encore d’autres influences littéraires, Arthur Conan Doyle par exemple, qui a aussi inspiré pas mal de groupes.

Et cela donne des paroles complètement barrées, je veux dire par là que c’est à 100% exubérant et, en même temps, très complexe au niveau du vocabulaire. Il en pense quoi, votre chanteur ? Vous allez vraiment réussir à lui faire chanter ça sur scène le moment venu ?

Ouais, ça me fait un peu de la peine pour lui, j’avoue. Pendant qu’on bossait sur l’album, on lui envoyait les paroles et il nous répondait par texto pour nous dire : « Non allez, les mecs, pourquoi vous écrivez des trucs pareils !? » (rires).

Je le comprends ! Je pourrais mourir à essayer d’apprendre ces paroles par cœur !

Oh tu sais, ça requiert juste de la pratique, on peut travailler la capacité de mémorisation aussi bien que n’importe quel muscle… Quand tu as répété suffisamment de fois, ça roule.

Est-ce que vous avez des dates prévues maintenant que la situation a l’air de revenir peu à peu à la normale ?

Pour le moment, c’est un peu compliqué pour nous de programmer des concerts étant donné que nous sommes un groupe international et qu’on doit encore faire avec les restrictions en vigueur concernant les voyages. Je suis le seul membre du groupe à vivre au Royaume-Uni, les autres sont soit en Suède (c’est le cas de notre guitariste australien, qui s’est installé là-bas) soit aux États-Unis. Et puis on a tous, chacun de son côté, d’autres projets qui nécessitent de rattraper le temps perdu à cause de la crise sanitaire, avec des dates de concerts et de festivals qui ont dû être reportées. Mais bon, l’idée de concerts de Wizardthrone est quand même dans l’air, on a trouvé un agent pour s’occuper de ça. Mais cela n’arrivera sans doute pas avant 2022.

Avant qu’on se quitte, aurais-tu un souvenir de festival particulièrement fou à partager avec nous ?

Il y a deux ans, je jouais avec Gloryhammer au Wacken Open Air, en Allemagne. Deux autres gars de Wizardthrone étaient là eux aussi, dont notre chanteur Jake. On était là à siffler des bières backstage quand une nana est apparue d‘un coup avec un nécessaire de tatouage. Elle a demandé à la cantonade : « Salut tout le monde, est-ce qu’il y a quelqu’un ici qui aurait envie d’un tatouage gratuit ? ». Jake ne s’était jamais fait tatouer, alors on lui a suggéré de se faire inscrire « Big Leg » sur une jambe parce que c’était son surnom. Il était complètement beurré, et il a trouvé que c’était l’idée du siècle ! Il a demandé à la fille de lui tatouer le surnom dans un style bien trash. Quand il a retrouvé ses esprits le lendemain matin et qu’il a vu le résultat, il était vert (rires) !

Propos recueillis en juin 2021. Remerciements à Magali Besson (Sounds Like Hell Productions) et Hakan Halac (Napalm Records).

Site officiel du groupe