Le « B-movie avec Nicolas Cage » est aujourd’hui un genre en soi. Après Mandy et Color out of Space (et avant Prisoners of the Ghostland de Sono Sion), voici Willy’s Wonderland, qui débute par une situation assez commune (pour un film d’horreur, s’entend), celle du gars immobilisé dans une bourgade étrange suite à une panne de voiture. Il y en a pour mille dollars de réparation, le garagiste ne prend pas la carte bleue et il n’y a pas un distributeur de billets en état de fonctionner dans le coin. Pas de chance ! On propose à Cage de faire le ménage toute une nuit dans une salle de jeux à l’abandon (le nouveau proprio souhaite rouvrir l’endroit, en échange il couvrira les frais de réparation de la caisse). C’est parti pour une nuit de ménage en enfer !

Qu’aurait-on fait en France dans la même situation, paumé au fin fond de la Haute-Saône ou de la Creuse ? Eh bien on se serait fendu d’un coup de fil à son assureur auto, qui aurait tôt fait de régler l’affaire. Mais semble-t-il, les choses ne sont pas si simples aux États-Unis, il faut trimer pour gagner ses billets verts et se sortir tout seul de la mouise. À l’intérieur de « Willy’s Wonderland », qui est vraiment dans un sale état, Cage passe l’éponge et le balai sous le regard d’une drôle d’assemblée de personnages grandeur nature qui faisaient rire les enfants (il y a un chevalier, un gorille, une belette géante, un crocodile… ils sont presque tous sur l’affiche). Les mannequins sont vivants, animés d’esprits maléfiques, et n’attendent que le feu vert du réalisateur pour se jeter sur l’homme de peine.

Outre le fait de ne pas dépasser 90 minutes de métrage (bravo, il y en a marre des films de deux heures et demie !) et de baigner dans une absurdité joyeusement surréaliste, Willy’s Wonderland aligne des qualités qui font plaisir à tous les vilains canards déviants qui hantent les salles obscures : la hargne que met Nic Cage à cogner sur les monstres fait sourire à belles dents, les bastons finissent toujours dans la saleté (alors Cage n’en finit pas de récurer, vu qu’il est là pour ça !) et même si on a droit à quelques parenthèses explicatives (pourquoi donc les animatroniques de la salle de jeux sont-ils méchants et vivants ?), le scénario s’approfondit d’un mystère fort appréciable autour de l’identité, voire de la nature du personnage principal (qui n’a pas de nom, ne prononce jamais un mot et ingurgite une canette de boisson énergisante à intervalles immuables). Certains avancent que le script est la quasi-adaptation d’un jeu vidéo, Five Nights at Freddy’s. Si vous connaissez le titre en question, vous pourrez ou non confirmer… Quoiqu’il en soit, gamer ou pas, on passe un excellent moment.

Disponible en DVD en Allemagne, et en VOD aux USA et dans quelques pays européens. Rien d’officiel pour l’instant en France.