Les jeux de Tokyo battent leur plein dans une étrange ambiance : découvrez les premiers jeux et surtout les premières championnes avec Betty Robinson : Coup de coeur pour un roman exceptionnel

A partir d’une histoire vraie,  Philipp Nessman  nous entraine dans le vie de Betty Robinson cette jeune américaine décelée par son prof alors qu’elle pique une pointe pour attraper son train qui lui démarre sous le nez. Nous sommes au tournant du XXème siècle et à l’apparition des jeux olympiques. Pourtant alors que la guerre va menacer les derniers jeux de 1936 si symboliques, d’autres enjeux fondamentaux sont aussi en action. Les femmes, leur place dans la société, leur éducation, la vision qu’on les garçons de leur âges (leurs futures compagnons de route) de ces jeunes femmes. 

Betty est née dans une famille d’immigrés irlandais, une bonne éducation, la petite dernière de la fratrie (deux soeurs plus grandes et déjà mariées) est douée pour tout ce qu’elle touche. Pourtant un jour alors qu’elle va rater son train, elle court et sa vie va basculer. Elle fera partie de ces premières femmes qui feront de l’athlétisme et deviendra championne olympique. 

L’histoire de cette vie romancée par Philipp Nessmann  est bluffante et impossible à lâcher. Elle montre les ouvertures d’une société, ceux qui lui ont donné sa chance, sa volonté de fer contre vents et marées et contre les accidents de la vie, la puissance de l’éducation et du respect de ses deux parents formidables qui (même s’ils ont souvent peur pour leur fille qui ne suit pas une voie classique) seront toujours à ses côtés…

Le roman dresse le portrait d’une société en évolution, les premiers jeux ouverts enfin aux femmes, la crise de 1929, (les champions américains qui se sont sélectionnés pour les jeux de 1936 devront pour certain payer leur voyage). Partout au fil de l’avancée de l’histoire l’auteur sait recréer l’ambiance de l’immeuble où vit la famille Robinson, de la confrontation entre Betty et les garçons lors d’entrainements de plus en plus hostiles, des stades surchauffés, des rues rendues laides et désespérées par la crise, de la claque monstrueuse reçu par Hitler et ses sbires lorsqu’un noir américain rafle des médailles à la barbe de ses athlètes aryens. Tout y est. Dès la première page qui nous fait prendre un peu d’avance sur l’histoire on sait qu’on va aimer Betty, respirer avec elle, courir, aimer et vivre. Un portrait d’une jeune athlète flamboyante, belle et solaire qu’on accompagne avec bonheur de la première à la dernière page. 

Ce roman qui illustre le combat des femmes pour l’égalité dans le sport et dans la vie quotidienne aussi, est magistral. Sans fioritures, il sait recréer tout un monde disparu, mettre le doigt là où cela fait mal, mais sans moralisation excessive. Tout est en place, tout fonctionne comme si  Nessmann  avait assisté à tout cela et nous permettait d’en devenir les spectateurs. 

Un roman magnifique sur une jeune femme forte et formidable qui est devenue l’une des premières championne olympique de l’histoire.  A signaler la sublime couverture due à François Roca, elle parle d’elle même.