Ça n’a l’air de rien, mais ça en dit long sur le je-m’en-foustisme de l’écriture : passé une intro joliment spectaculaire (dans laquelle un vaisseau extraterrestre s’écrase en pleine jungle sous le regard sidéré d’un grognard des forces spéciales US), nous nous retrouvons dans un collège américain typique. La caméra isole vite un gamin autiste de sixième un peu paumé dans la salle de classe (c’est en fait le fiston du grognard précité). C’est une veille de vacances, les enfants ne bossent pas mais jouent aux échecs. Soudain, le signal d’alarme incendie retentit. Tout le monde sort dare-dare, sauf le petit Asperger qui, perturbé par la sonnerie stridente, reste à la traîne tout seul dans la pièce ! Pas un camarade ni, surtout, le prof pour l’accompagner jusqu’à l’extérieur…

The Predator a été écrit et réalisé par Shane Black, comédien dans le tout premier film de la série, en 1987, réalisé par John McTiernan. Black s’est surtout fait un nom en signant, depuis, les scénarios des Arme fatale, avec Mel Gibson et Danny Glover, et plus récemment d’Iron Man 3, en 2013. Aux commandes de ce nouvel opus, Black a semble-t-il essayé d’apporter un souffle nouveau, d’où le métrage qui nous est donné aujourd’hui à voir, totalement incongru par ses approximations d’écriture (l’exemple criant rapporté plus haut mais il y en a bien d’autres) et par son ton de comédie d’action affreusement déplacé. Le « predator » est donc de retour sur Terre et Shane Black a prévu une équipe de bras cassés pour lui mener la vie dure : les héros de l’aventure sont une collection de vétérans de l’armée rayés des cadres pour motifs psychiatriques. Suite à un concours de circonstances, les jobards sympathiques (tous joyeusement tarés, il y en a même un qui souffre d’un syndrome de Tourette et lance des insanités à tout bout de champ, vous voyez le genre) se retrouveront dans les pattes de la bestiole mais auront surtout pour mission de lancer vanne sur vanne pour désamorcer toute situation tendue et potentiellement anxiogène. Ainsi le mastard de l’espace est lâché, prompt à décapiter tout un régiment en trois secondes six dixièmes, mais The Predator ne fait jamais peur et n’entretient aucun suspense. Le film se veut purement récréatif, il est lassant, longuet, bruyant, puéril (certains disent « régressif » en tenant le mot pour un compliment), il brasse de l’air pendant près de deux heures pour aboutir à une conclusion débilitante où le petit autiste sympa et lunaire de douze ans cité plus haut se voit confier un bureau et une mission dans un centre de recherches de l’armée de l’air. Je pense en avoir assez dit. Si vous avez le cœur à ça, bonne séance à vous, le film est dans les salles depuis mercredi dernier, 17 octobre.