Des années après que l’Europe a été ravagée par le virus Maze qui transforme les humains en monstres cannibales, un antidote est enfin trouvé. Senan Brown est hanté par ce qu’il a fait lorsqu’il était infecté. Alors qu’il revient vivre chez sa belle-sœur devenue veuve, la peur et la suspicion risquent de plonger de nouveau le monde dans le chaos.

The Cured est un petit film sans prétention qui met au final plus en avant la peur de la maladie que l’infection en elle-même. Il y a d’ailleurs très peu de plans d’infectés et même si l’on s’imagine que c’est dû au budget, ce n’est finalement pas l’intérêt ni le propos du film.

Que se passe-t-il dans la tête d’un infecté qui « revient à la vie »? Peut-il retrouver une vie normale? Comment est-il perçu par les autres? Redevient-il un être humain à part entière? En l’état oui, mais David Freyne joue sur la peur de la maladie pour montrer que Senan ne pourra pas vraiment s’en sortir. Ici l’infection est traitée comme une maladie grave dont certes on guérit, mais pour les autres on l’aura toujours (comme le VIH). Comme en plus cette maladie a fait faire des choses atroces, forcément la population n’est pas prête à pardonner. 25% des malades résistent au traitement et restent dans leur condition de zombies. Le gouvernement décide alors de les éliminer pour éviter une nouvelle épidémie, mais une scientifique est sur le point de découvrir un remède permanent; ce que le gouvernement n’est pas prêt à entendre. Car personne ne sait quoi vraiment faire de ceux qui sont revenus à la vie; ceux qui sont sains à nouveau. D’ailleurs, le sont-ils vraiment? Car tous ont en mémoire les atrocités qu’ils ont commises et ils doivent maintenant vivre avec; en sachant qu’ils ont tué un voisin, un ami ou quelqu’un de leur famille.

Une association d’anciens malades va créer un nouveau chaos, car on les traite comme des animaux. Certains avaient une bonne place dans la société qui a été balayée depuis leur guérison. Parqués, contrôlés par l’armée et traités comme des moins que rien, les anciens infectés veulent retrouver une vie normale. Lorsqu’ils comprennent que les Résistants ne les attaquent pas, car ils sentent en eux le virus, leur action bascule. La violence qu’ils expriment aurait pu il me semble être plus poussée: on sent que le réalisateur veut aller sur ce chemin; sur cette idée que si tous les autres sont contaminés, alors tout le monde pourra vivre en harmonie. C’était une idée à développer qui pourtant n’est pas là.

En poussant son point de vue, Freyne aurait pu faire un très bon film; mais pas que. Aussi en développant mieux ses personnages: Senan est beaucoup trop passif et a un peu trop souvent le regard dans le vide. Ok on a compris qu’il avait des cauchemars et qu’il avait du mal à retrouver une vie normale, mais ça devient vite agaçant; surtout qu’il ne prend pas souvent les décisions par lui-même, amoindrissant ainsi leurs impacts sur l’histoire. Abigail est trop effacée et manque grandement de réactivité. On a également un peu de mal à croire en une Ellen Page maman; le rôle ne lui va pas très bien. Dans l’ensemble, les personnages manquent de relief et de mordant (désolée!) même Conor le rebelle est mal exploité, mais ils ont tous quelque chose d’attachant. Allez savoir pourquoi…

La mise en scène également aurait pu être mieux travaillée ainsi que le rythme de l’intrigue, notamment le début qui pêche vraiment. Beaucoup de plans contemplatifs desservent le film alors que justement le côté lent du film apporte quelque chose d’intrigant. Cependant, à force d’user de son idée, Freyne en oublie de donner de la dynamique à son histoire. Les effets sonores sont par contre très réussis et nous entraînent parfois dans des séquences glaçantes alors qu’on ne s’y attendait pas du tout. Attention à la fin ouverte un peu facile qui ne clôture pas vraiment le point de vue de l’auteur…

Au final, il y a beaucoup de défauts dans le premier long de Freyne, mais il y a aussi quelque chose d’assez intelligent; de contemplatif et mélancolique qui donne une autre image à la figure de l’infecté.

Il est fort probable qu’avec plus de budget et un casting plus fort, son prochain film soit une belle réussite!

Sortie le 26 juin