Est-il besoin de présenter Ténèbres: la revue phare publiée par Dreampress.com? Pour celles et ceux qui ne la connaissent pas, sachez qu’il s’agit d’une publication créé par une équipe de passionnés de fantastique. Entre 1998 et 2001, Ténèbres a présenté plus de deux milles pages de nouvelles, interviews, essais et critiques parcourant la plupart des courants du fantastique moderne. Devenue une anthologie annuelle depuis 2007, Ténèbres continue son voyage en publiant de nombreux auteurs talentueux, pas forcément très connus du grand public.
  Cette mouture 2010 arbore une couverture «choc» de Les Edwards, dont le talent graphique n’est plus à démontrer, mais qui peut prêter à confusion sur le style des écrits regroupés en ses pages.
  Entrons dans cette anthologie du fantastique:
  Le seuil, de Glynn Barrass, met en scène un groupe de mercenaires embauché pour aller assassiner un savant travaillant sur une nouvelle source d’énergie. Armés jusqu’aux dents et animés de mauvaises intentions, ces «gros bras» vont être confrontés à une horreur sans nom auquel rien ne les a jamais préparé. Une nouvelle qui vous prend aux tripes et vous entraîne dans les tréfonds des peurs viscérales. Un démarrage sur des chapeaux de roue tout à fait dans l’esprit de Ténèbres!
  Noël en Enfer de Orson Scott Card joue une carte différente, beaucoup plus subtile, puisqu’il est question d’une âme errante et de sa rencontre avec un bien étrange Père Noël. Un bon rythme pour un texte tout en finesse.
  Coupe de Dena M. Martin permet au lecteur de suivre les découvertes hors normes d’un garçon amateur d’objets tranchants. Fascinant de réalisme!
  Charles de Steve Rasnic Tem commence lorsqu’une mère vient rendre visite à son fils pour le mettre en garde. Il ne peut pas se marier avec une jeune femme puisqu’il est mort depuis longtemps. Où débute le fantastique et où finie la folie, le lecteur jugera.
  La partie de l’anthologie consacrée à William Peter Blatty commence par une nouvelle inédite, Terry et le loup-garou, pour se terminer avec une longue interview effectuée par Brian Freeman. On y découvre que William Peter Blatty, pourtant très connu pour L’exorciste, est avant tout un auteur de textes comiques et de scénarios. Objectivement, l’interview est bien plus intéressante que la nouvelle. Cette dernière s’éloignant un peu trop du fantastique.
  Les Morts avec les morts de Jean-Pierre Planque (connu pour son Flash Infini mensuel) relance la vapeur et le train de l’anthologie reprend sa vitesse de croisière. Certains lecteurs voient dans ce texte une trame liée à la folie, pourtant, la vérité est tout autre puisqu’il s’agit des deux dernières visites d’un ami à un autre. La première et la seconde n’étant pas du tout du même type. Un texte à lire tranquillement pour en apprécier toutes les subtilités.
  Les Faucheurs de Jason Sanford confronte ses héros à d’étranges créatures qui enlèvent les vivants pour d’obscures raisons bien éloignées de la logique humaine. Entre horreur et interrogations, cette nouvelle donne matière à réfléchir sur les notions de bien et de mal.
  De l’importance d’un grain de sable pour traverser le royaume des morts de Aurélie Ligier détaille longuement ce que l’abandon d’une coutume funéraire ancestrale peut engendrer comme problèmes aux âmes des défunts. D’une grande originalité, ce texte vaut le détour.
  Cendres de Laird Long est également excellent, bien que réellement trop court. Il y aurait tant à écrire sur cette maison où s’accumule la poussière. Néanmoins, sa lecture vous marquera.
  L’anthologie se termine sur Masques de Eugie Foster qui a bien méritée son Prix Nébula 2009 pour ce texte. Le lecteur y découvre l’existence presque idyllique d’hommes et de femmes qui changent quotidiennement de masque. Chacun leur apportant véritablement une nouvelle identité accompagnée de ses sentiments, bon ou mauvais, jusqu’au soir. Une vie en constant changements, mais où le libre arbitre a disparu depuis longtemps. Jusqu’au jour où… Une fin en apothéose pour cette anthologie.
  Vous l’aurez compris, Ténèbres 2010 ravira les amateurs de fantastique autant que celles et ceux qui apprécient de lire un petit texte le soir au fond du lit. Pourtant, une fois la lumière éteinte, vous pourriez bien frissonner encore en repensant à votre lecture. Passez néanmoins de bonnes nuits en attendant Ténèbres 2011!