Stavros est le premier roman de Sophia Mavroudis paru en 2018. Son héros, le commissaire Stavros Nikopolidis, est un flic tel qu’on en croise énormément ces derniers temps. Le gars paumé qui fume, boit et qui côtoie les voyous. De plus, il est borderline pour sa hiérarchie et aime s’entourer d’une équipe tout aussi populaire que lui. On a vu cela des milliers de fois, mais il est Grec et a une histoire familiale qui le hante.

Ainsi, Stavros est un descendant de ces Grecs qui vécurent durant plusieurs siècles à Smyrne et qui furent chassés par les Turcs à la fin du premier quart du XXe siècle. Ils ont rapporté à la mère patrie leur culture et aussi le tavli, un jeu populaire dont le plateau ressemble à celui du backgammon qui illustre la couverture de l’ouvrage et qui connaît plusieurs variantes de jeux.

Pour ce qui est du bonhomme, il a un fils de dix ans qui est tout ce qui lui reste de son épouse disparue dix ans plus tôt. Elle était archéologue et a disparu lorsque des frises antiques furent dérobées et un homme tué. L’ambiance était alors à la corruption massive, en cette période de préparation des Jeux olympiques qui allait être la prémisse de la crise à venir. C’est un crime similaire qui vient d’être commis, ce qui ne manque pas de faire remonter à sa mémoire ces moments les plus sombres et l’image de son ennemi intime, Rodolphe qu’on ne put alors inculper.

Il se rappelle aussi son père, celui qui lui avait appris le tavli, avant d’être emprisonné et torturé dans la Grèce des colonels. Comment éduquer son fils dans cette Grèce de la crise qui s’enfonce dans un marasme sans fond ? Comment lui transmettre la fierté de ce peuple millénaire dont la poésie et la philosophie fondèrent à la foi les sociétés modernes et les arts les plus subtils ?

Starvos sait que Rodolphe est derrière tout cela et il va devoir s’entourer de Grecs venant d’horizons et de régions multiples. C’est l’unité d’un peuple qu’il semble constituer comme ses augustes ancêtres le firent quelques millénaires plus tôt. Il va devoir puiser au plus profond de ses forces pour vaincre son adversaire, même s’il n’arrivera pas à obtenir toutes les réponses aux questions qui le tourmentent depuis dix longues années.

C’est un premier roman prometteur, même si le style est un peu trop scolaire dans la première partie du texte. Toujours est-il que l’auteure nous apporte de nombreuses références culturelles et donne par ce biais une dimension particulière au texte. De même, les scènes d’action sont décrites avec une belle justesse. On peut parfois se perdre dans les flash-back qui arrivent soudainement dans le récit, mais l’ensemble est loin d’être désagréable. Espérons que le héros connaisse prochainement de nouvelles aventures tout aussi intéressantes que ce premier opus.