Après la disparition de sa mère, Estrella trouve refuge auprès d’un groupe de cinq garçons également orphelins. Et lorsque le spectre de sa génitrice lui apparaît, la jeune fille devient la protectrice du groupe.

Au PIFFF, il y a toujours de petites pépites à découvrir et les jurés ne s’y sont pas trompés en donnant le prix du jury à Tigers Are Not Afraid, film d’une réalisatrice mexicaine.

Superbe conte d’une brutalité crue et d’une grande tristesse, Tigers Are Not Afraid est un film fantastique d’une rare authenticité, à la fois très réaliste avec quelques pointes de merveilleux et d’horreur; exactement comme dans un conte traditionnel!

Le film s’ouvre sur une maîtresse qui demande à ses élèves d’écrire un conte. Estrella narre les aventures du Prince Tigre, figure centrale du film; tigre que l’on retrouve tagué sur les murs du bidonville dans lequel vivent les orphelins. Il est le protecteur de Shine, le petit chef du groupe et représente le doudou du plus jeune d’entre eux, Morrito. Tout le film se concentre autour de ce symbole du tigre, animal fort et élégant qui donne la force au groupe de Shine. Lorsqu’Estrella rejoint la bande, elle a rapidement des apparitions de sa mère qui crie vengeance. La petite fille, devenue leader du groupe malgré elle, doit conduire le clan d’El Chino dans les griffes des fantômes de ceux que son gang a assassinés.

Il faut saluer le jeune casting dont les performances sont bluffantes notamment pour certaines scènes, très dures, jouées de façon très réaliste et justes!

À travers ce conte horrifique, Issa Lopez ne montre pas que des fantômes. Elle s’interroge sur la situation de son pays, la présence de gangs brutaux, la pauvreté et la corruption de la police et de tout l’impact que cela a sur les enfants. Des enfants, normalement innocents, qui ici se retrouvent à jouer les adultes, puisqu’Estrella devient une sorte de mère adoptive, étant la seule fille, mais aussi la plus âgée. D’ailleurs, de nombreuses scènes le montrent notamment dans la façon qu’a Shine de la regarder; un regard pas du tout sexualisé, mais maternel ou avec les scènes de tendresse avec le petit muet Morrito.

Le côté horrifique du film est représenté par les fantômes et les cadavres pourrissants des assassinés, mais font-ils réellement plus peur que les vivants; le gang d’El Chino? Quant au conte, Lopez a choisi l’animation comme médium de ses images poétiques et ses symboles, à l’image de cette peluche tigre qui s’anime pour guider Estrella. L’un des meilleurs passages du film!

La fin est dure et très émouvante à l’image de tout le film d’ailleurs, mais elle vient contrebalancer complètement la première image du film où l’on passe de la noirceur à l’ouverture sur un monde verdoyant. Le film de Lopez est rempli de symboles et de métaphores (comme les prénoms des enfants qui rappellent quelque chose de pétillant: Pop, Shine, Estrella), mais finement utilisés. La très grande violence de l’histoire (mais aussi de certaines images !) est contrebalancée par une poésie et une mélancolie enfantine merveilleusement distillées.

CONCLUSION

Tigers are not afraid (Vuelven) est un superbe film fantastique sur l’enfance, mais aussi sur un pays en proie à une criminalité violente qui a un impact sur les populations les plus pauvres. Une plongée dans un endroit du monde dangereux pour les enfants, loin de préserver leur innocence. Un film sans défauts, sublime, poignant, merveilleux et même parfois drôle. À voir absolument! Pour l’instant, aucune date de sortie n’est prévue en France… C’est bien dommage!