Atmosphérique et épique. C’est ainsi que certains qualifient — non sans raison — le black metal de Sojourner, formation internationale combinant les talents du chanteur américain Emilio Crespo, du guitariste néo-zélandais Mike Lamb, de l’Écossais Scotty Lodge (à la basse), de l’Anglais Tom O’Dell (guitare) et des Italiens Riccardo Floridia et Lucia Amelia Emmanueli (respectivement à la guitare et au chant). Entre deux albums, Sojourner sort le 4 juin un EP intitulé Perennial.

Khimaira : Bonjour Mike et Emilio. Quand on regarde le clip de Perennial, on est frappé par l’absence de toute présence humaine ou animale. Comme si on regardait un monde où les seules formes de vie sont végétales…

Emilio Crespo : Oui, c’est un peu l’idée. Nous voulions que la succession de paysages correspondent au feeling de la musique et, en même temps, que cette série d’images parvienne à représenter la nature dans son ensemble. La nature vierge et sauvage, dans sa forme la plus pure.

Vous devez passer un temps fou en repérages pour tourner un clip pareil ?

Emilio : Pas une seule minute, en fait (rires) ! On n’a rien filmé du tout. Impossible de courir le monde pour tourner des clips à cause de la crise sanitaire liée au Covid, et on aurait de toute façon beaucoup de mal à trouver le budget nécessaire. Par conséquent, on s’est rabattus sur des images d’archives libres de droit pour créer le clip.

La chanson évoque une aube nouvelle et parle de la nature qui prendrait la décision d’effacer toute trace de l’humanité. Cette punition qui nous serait infligée, est-ce une chose que vous souhaitez ou que vous redoutez ?

Emilio : Ni l’un ni l’autre : on voit bien que c’est déjà ce qui est en train de se produire avec les catastrophes naturelles que nous subissons et les effets du réchauffement climatique. À la fin de la chanson, les paroles émettent l’hypothèse que nous soyons balayés pour de bon, mais elles ne font qu’imaginer ce qui adviendra si nous ne changeons rien à notre comportement destructeur. Ce n’est pas comme si nous assassinions la planète, à vrai dire, car la Terre a toujours été capable de se régénérer au fil des âges. Le problème vient plus du fait que nous humains n’arrivons pas à vivre et à nous épanouir sainement dans notre environnement.

Le clip s’achève par un symbole que j’ai déjà remarqué dans vos vidéos précédentes. On vous voit même le peindre à la main sur un rocher dans The Deluge. Quelle en est donc la signification ?

Mike Lamb : Merci d’avoir remarqué ce joli symbole ! En fait, il s’agit juste du motif circulaire qui entoure notre logo et que j’ai retravaillé avec Photoshop pour en faire un logo officiel sans faire figurer le nom du groupe au milieu. Et on l’aime bien aussi, oui, on trouve qu’il résume parfaitement notre son et notre esthétique. Auparavant, nous l’avons inclus à l’artwork de l’album Premonitions, et le réemployer ici nous permet de créer une continuité thématique entre nos travaux. Mais je suis désolé de te décevoir si tu imaginais un sens profond caché derrière (rires) ! C’est simplement un beau motif graphique.

Il y a deux nouveaux venus dans le groupe : la chanteuse italienne Lucia Amelia Emmanueli et le guitariste britannique Tom O’Dell. Ils remplacent à eux deux Chloe Bray, qui pouvait à la fois chanter et jouer de la guitare. Comment avez-vous trouvé ces nouvelles recrues ?

Emilio : Quand on a commencé à travailler sur ce nouveau projet, on se doutait bien qu’il serait compliqué de trouver quelqu’un qui puisse comme Chloe assurer à la fois le chant et la guitare. Alors ça ne nous a pas dérangé plus que ça d’enrôler deux personnes pour lui succéder. Nous connaissons Tom depuis des années, c’est un ami proche et nous étions sûrs qu’il ferait du très bon travail dans le groupe. Quant à Lucy, on l’a connue par l’intermédiaire de notre batteur Riccardo. Ils sont amis depuis longtemps également et dès la première audition on a su qu’elle viendrait à merveille compléter notre puzzle. Nous sommes super contents de les avoir à présent avec nous. C’est le meilleur line-up qu’on ait jamais eu.

La chanson Perennial sera incluse dans un mini-album qui va sortir en juin. Pourriez-vous nous dire deux mots des autres titres qu’il y aura dans la track-list?

Mike : En fait, il n’y aura que Perennial et le titre Relics of the Natural Realm sur cet EP. On inclura Perennial dans notre prochain album, c’est sûr et certain, et pour ce qui est de Relics of the Natural Realm, il s’agit d’une réinterprétation de notre tout premier single Heritage of the Natural Realm. Cela nous permet de faire entendre aux fans les talents de nos deux nouveaux membres, dans un contexte familier. Une curiosité qu’on ne réutilisera pas dans l’album suivant.

Vous composez en général des morceaux assez longs de cinq ou six minutes, voire plus, et portés à chaque fois par un flot musical puissant. Auriez-vous des recommandations à faire quant aux meilleures conditions et au meilleur cadre pour profiter de votre musique ? Hormis en concert, je veux dire…

Mike : Ça fait un peu cliché de dire ça mais, en toute honnêteté, je dirais qu’une balade ou une rando en pleine nature sont des occasions parfaites de profiter de la musique, quel que soit le style de ce qu’on écoute. À titre personnel, c’est ce que je préfère, ça apporte à l’écoute une dimension très particulière. Mais enfin bon, tout ce qui compte, c’est de passer un bon moment en musique, qu’on soit en excursion dans les Alpes ou sur un tapis de course à la salle de sport !

Mike et Emilio, merci beaucoup pour vos réponses.  

Mike : Merci à toi pour cette interview, Julien, ça nous fait très plaisir !

Propos recueillis en mai 2021.

Special thanks to Lisa Gratzke (Napalm Records Berlin).

Site officiel du groupe (Bandcamp)