Une maison hantée, des vivants à effrayer, voilà qui est peu original, direz-vous? Détrompez-vous, car Phantom n’est pas tout à fait aussi «basique» que cela. Jugez plutôt!

Le second Ludobook de Ludonaute Édition, Phantom, est bien éloigné du premier Crimebox Investigation (déjà chroniqué par Khimaira). En effet, Phantom se joue seulement à deux joueurs. Mais là n’est pas la seule différence car Phantom met en scène des fantômes dans une maison au passé tourmenté. Classique? Pas du tout puisque les deux joueurs incarnent chacun un spectre bien particulier qui cherche à détruire l’autre en puisant sa force en prenant celle des vivants.

La demeure servant de cadre au jeu accuse le point des ans en plus d’être le théâtre d’un affrontement entre deux âmes maudites. D’un côté, Opchanacanough, un indien qui rêve de chasser de ses terres ancestrales les envahisseurs. De l’autre, John Potts, un colon Anglais ancien médecin, ayant commis le sacrilège d’empoisonner toute une délégation indienne. Une rancœur vieille de trois siècles, source de haine et de rancœur, pour deux spectres usant et abusant de toutes leurs capacités d’outre-tombe pour essayer de supplanter l’autre. Et c’est là qu’apparaît une famille innocente dont la seule erreur est d’avoir jeté son dévolu sur ce qu’elle prend pour une simple «ancienne demeure au charme certain».

Lorsque le jeu commence, quatre cartes sont posées qui représentent les principaux étages de la maison. Ensuite, chaque joueur utilise les cartes de sa main pour poser des Lieux dans lesquels œuvrent des fantômes de types différents. En fonction des pouvoirs spécifiques de ces derniers, certains membres de la famille sont attirés où repoussés. Le but étant d’isoler un individu et de cumuler suffisamment de points de terreur pour l’effrayer (c’est-à-dire pour dépasser son score de peur indiqué sur la carte qui le représente). Un personnage ainsi vaincu par sa peur va dans le camp du spectre l’ayant effrayé et apporte des points de victoire. Le premier joueur atteignant 11 points remporte la partie. Mais ce n’est pas aussi simple puisque chaque membre de la famille habitante est capable de repousser une forme spécifique de fantôme ou que la dernière personne de la pioche est assistée par un exorciste qui lui apporte un bonus à son score de peur. De plus, certains revenants ont la possibilité de capturer ou d’éliminer un fantôme adverse alors que d’autres peuvent prendre une carte lieu pour la mettre en jeu du côté du joueur actif. Pour résumer, un jeu très stratégique qui demande de la réflexion bien plus que du hasard. Pas de dés à lancer, seulement des cartes à piocher et à mettre en jeu à bon escient pour des parties assez rapides.

Une longue nouvelle d’ambiance permet au lecteur de mieux comprendre le lourd passé des deux âmes maudites. Un texte parsemé de scènes un peu «dures» et à la fin inattendue, bien que tout à fait dans la logique de cet affrontement d’outre-tombe. Un véritable pont entre littérature et jeu!

Enfin, pour les anglophones, sachez que le jeu est fourni en deux langues Français et Anglais, de quoi satisfaire tout le monde…

Pour résumer, un jeu rapide pour deux où, pour une fois, ce n’est pas un fantôme qui lutte contre une famille «envahissante», mais bel et bien deux spectres qui s’affrontent via les actions des deux protagonistes. Original, non?