Résumé :

Alors qu’il se sustente goulûment à la gorge de sa dernière proie, un SDF du Tenderloin (les bas-fonds de San Francisco), Jamie se voit déranger par une beauté froide que sa nature de vampire ne semble pas effrayer et l’interpelle par son vrai prénom ; Faruk.

La créature de la nuit qui a les allures d’un jeune homme de 16 ans,  tue la messagère venue lui demander de l’aide en échange de renseignement sur « son père », qu’il recherche depuis des siècles.

Quelques jours plus tard, alors qu’il contemple l’île d’Alcatraz depuis les berges de la ville, il est de nouveau accosté, cette fois par le vrai commanditaire de la blonde dont il a abandonné le cadavre.

Abraham lui demande de protéger Barbara sa pupille en échange de renseignements sur le Maître qui a fait de lui un vryk.

Le quadragénaire  met à sa disposition des pilules, lui donnant les moyens d’exercer sa filature de jour comme de nuit, et sans qu’évoluer au sein d’une multitude de lycéens ne déclenche chez lui une soif irrépressible qui le déclencherait un carnage.

Faruk accepte le marché et fait la connaissance de « Barbie ».

Notre avis :

La parution de « Rouge Toxic » a été annoncée au moment de la sortie du précédent roman de Morgane Caussarieu « Chéloïdes » (titre retiré de la vente site à l’absorption de son éditeur).

Le titre  fait partie de la collection Young Adult d’Actu SF (NAOS) et promet d’être intéressant tant la jeune femme ne nous a pas habitués auparavant à faire dans la dentelle.

Rassurez-vous de suite, vous n’accuserez pas Morgane Caussarieu de compromission !

 Si l’on ne peut la nier, elle n’est que très faible. Une information d’autant plus importante que si on est fan de son univers.  On en vient à espérer, dès les premières pages, tant les allusions sont claires,  le retour  des personnages de ces romans précédents « Dans les veines » et « Je suis ton Ombre ».

Pour ma part, je n’ai pas été déçu !

On trouve effectivement à ce nouveau  roman un petit aspect « teenager », du fait de l’âge des principaux personnages, et de ce qu’une part de l’action se déroule dans un lycée, mais ça reste du Morgane Caussarieu. Le passé de Faruk qui nous est rapporté conforte cette impression, même si son enfance était loin d’être innocente.

Les vampires de Morgane Caussarieu sont des monstres, loin du « cliché Edward Cullen », leurs antres sont des endroits abandonnés et délabrés qu’ils décorent de cadavres et autres charognes qui embaument l’endroit.  Ses émules de Dracula véhiculent nombre de connotations sensuelles et sexuelles.

C’est une constante dans son œuvre et  il y a, comme toujours, une bonne dose d’ironie, et de la malice à détourner les codes. Sans spoiler on pourra s’amuser de certaines scènes très franchement à double sens dans les toilettes du lycée et autre…

Autre composante forte de ce roman, le vaudou ! On se souvient qu’auparavant l’auteure avait participé à un recueil sur le sujet (Sa nouvelle « Les Enfants de Samedi » dans « Black mambo » aux éditions du chat noir). Sans déflorer l’intrigue, sachez que ses protagonistes  connaîtront une escale à la Nouvelle Orléans et que l’histoire est l’occasion de nombreux développements sur le sujet.

Morgane Caussarieu lie les deux « folklores », ce qui n’est pas sans me rappeler une discussion que j’avais eue à ce sujet avec un autre chroniqueur de Khimairaworld,  CHRIS D.

« Rouge Toxic » est de ce fait un roman extrêmement dense, aux nombreuses références (il y a même un petit côté « Resident Evil » à la fin), sans trop qu’on arrive à le cataloguer dans le genre Young adult tant il est marquant et symbolise le renouveau de l’univers connu de l’auteure.

En effet, la nature même du « Rouge Toxic » (on ne vous en dira pas plus), l’existence d’ennemis, capables de produire des substances pour contrecarrer les pouvoirs des vampires : ce n’est pas sans rappeler la société Talamasca d’Anne Rice en plus agressif, sont de nouveaux éléments qui viennent s’ajouter  aux  réflexions déjà évoquées sur la nature fantastique de ces créatures (les ravages du temps sur leur identité, leur mémoire, leur humanité).

Cette fois c’est officiel, Morgane Caussarieu signe véritablement son retour, ce qui n’est pas sans atténuer son talent dans d’autres genres, mais ravi quand on est fan !

Ce roman est l’occasion de la découvrir « en douceur ».