« Abandonnez tout espoir, vous qui entrez. » La sentence accueillait les damnés de l’Enfer de Dante, elle pourrait aussi avertir les malheureuses héroïnes de L’Arène (titre v.o. Raze), kidnappées et emprisonnées dans d’obscurs cachots d’où elles ne sortent que pour affronter à mains nues une de leurs compagnes d’infortune. Les combats sont filmés pour le plus grand bonheur d’une élite qui savoure le « spectacle » en direct en sirotant quelques flûtes de champagne. Les rivales n’ont pas d’autre choix que de se livrer au massacre : si une des jeunes femmes refuse de se battre, ou si elle reste sur le carreau, un de ses proches, à l’extérieur, sera exécuté par les hommes de main de la mystérieuse organisation…

Amis du catch féminin et de l’horreur saignante, Raze associe vos deux marottes en exhibant 1h30 de free fights qui n’ont rien du simple crêpage de chignon : les empoignades sont des combats à mort, certaines nanas finissent étranglées, d’autres ont les yeux crevés ou sentent leur boîte crânienne céder sous l’impact contre le mur de briques de l’arène. Les os craquent, le sang gicle… Qui sera la dernière debout ? Pourquoi pas Sabrina, incarnée par Zoë Bell. La comédienne révélée par Tarantino dans Death Proof met à profit ses talents de cascadeuse (l’essentiel de sa carrière) en balançant mandales et coups de pieds retournés avec une belle sauvagerie. Les combats se succèdent, introduits par des intertitres tels que « Sabrina vs. Phoebe », « Cody vs. Teresa », etc., procédé répétitif qui, malgré l’énergie déployée par les actrices, finit par distiller un certain ennui.

Le réalisateur Josh C. Waller s’amuse à mêler les mises en scène façon jeu vidéo de baston avec l’univers des films de femmes en prison (ou WIP films, pour les connaisseurs) : comme il se doit, les captives sont confiées aux bons soins d’un maton pervers, en l’occurrence un ex-G.I. un poil dérangé qui n’a jamais digéré une mise à la retraite anticipée. Le rôle est tenu par Bruce Thomas, qui joua le papa adoptif du héros dans la série de S.F. pour ados Kyle XY. On trouve aussi Tracie Thoms, un autre visage connu des amateurs de séries de prime-time, son nom étant au générique de chaque épisode de Cold Case. Les prisonnières sont toutes ou presque dotées d’un petit background qui leur confère un minimum d’épaisseur, on finit donc par s’attacher un peu à elles. Qu’en est-il de la morale une fois achevée la débauche de gnons ? Disons que Raze délivre un discours plutôt gauchisant, avec sa description d’une aristocratie de la thune jouissant de l’exploitation des masses opprimées. Le propos reste assez élémentaire, c’est sûr, pour ne pas dire simpliste, mais le message passe, et, la peinture des grands bourgeois, bien sapés et éduqués, en criminels sadiques pourrait même faire courir quelques frissons de plaisir le long de l’échine de nos Besancenot, Laguiller et autres Mélenchon.

Sortie en DVD et blu-ray le 27 août 2014 (Wild Side Vidéo).