L’histoire commence comme plein d’autres films du genre, avec l’apparition soudaine en divers points du globe d’imposants vaisseaux venus de très, très loin. Mais Premier Contact n’est pas un simple film d’invasion alien, il se rapproche davantage de Rencontres du troisième type, voire de 2001. Les douze aéronefs stationnent en lévitation à quelques mètres du sol, et leur forme douce de gigantesques galets (c’est original) ne semble pas annoncer d’intentions belliqueuses. L’armée dépêche des spécialistes pour prendre contact et communiquer. Dans le Montana, une linguiste, Louise, et Ian, un scientifique, pénètrent dans une des coques où les accueillent les entités venues d’ailleurs.

Comme Richard Dreyfuss dans le film de Spielberg, les héros trouvent dans l’arrivée des visiteurs une quête à accomplir : pour Louise et Ian (Amy Adams et Jeremy Renner, très bien, auxquels vient s’adjoindre le toujours impeccable Forest Whitaker dans le rôle d’un colonel loyal droit dans ses rangers), il s’agit de parvenir à comprendre un langage d’une nature sans équivalent sur terre. Capable d’une technologie leur permettant de traverser l’espace, les E.T. seraient, on s’en doute, en mesure de trouver eux-mêmes un biais pour se faire comprendre rapidement des humains. Mais ce n’est pas leur but, et sans vouloir trop en dire, l’apprentissage du système de communication alien par les terriens constitue la pierre angulaire de leur mission sur notre monde.

L’action de Premier Contact est plutôt statique, il n’y aura pas de lasers, seulement une explosion, et si l’aspect peu engageant — carrément lovecraftien — des étrangers permet de toujours maintenir une tension méfiante, le suspense tient surtout dans la confrontation des héros avec l’« alphabet » extraterrestre, d’un aspect poétique surprenant (les visiteurs exhalent des volutes noires, comme des jets d’encre dans l’eau, qui se figent pour dessiner de beaux motifs circulaires). Un véritable puzzle, à l’image de la structure narrative du film, un montage non linéaire, avec analepses et  prolepses des plus intrigantes, qu’il revient cette fois au spectateur de décrypter. Autant d’enjeux intellectuels passionnants qui aboutiront in fine à des trésors d’émotion vraie, élevant très haut le film du Québécois Denis Villeneuve, des années-lumière au-dessus de la puérilité de spectacles primaires comme Independence Day, par exemple. En ce début de siècle troublé par les haines obscurantistes et les divisions, par les réflexes de repli identitaire et d’autodéfense, Premier Contact célèbre le pouvoir positif du verbe, la nécessité du dialogue, de l’esprit de découverte et de la coopération. Le film s’avère donc être un excellent titre de S.F., mais au-delà de toute considération de genre, il s’impose avant tout comme une œuvre importante.

Sorti le 7 décembre 2016 dans les salles françaises.