Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette nouvelle bande dessinée chez Akileos n’est pas passée inaperçue dans la communauté BD francophone, et on ne va pas se plaindre d’un peu de diversité dans le monde du livre.
Cet ouvrage réalisé par Michaël Ribaltchenko, jeune illustrateur dont c’est la deuxième parution, est un récit de « fantasy écologique » mettant en scène la lutte du « peuple de la nature » contre un peuple technologique à travers le voyage initiatique de 3 personnages.
L’auteur a peut-être encore quelques améliorations à apporter au niveau de la lisibilité, de l’encrage et du découpage (storyboard), mais on peut saluer quand même la réussite d’avoir mené à bien un projet d’une telle ampleur. De la création à la publication, on sait que les étapes sont nombreuses et délicates, et les accomplir (presque) seul n’est pas toujours une mince affaire.
La thématique écologique a bien sûr de beaux jours devant elle et nous touche particulièrement dans le contexte actuel. Cette histoire à deux doigts de tomber dans l’apocalypse m’a beaucoup rappelé l’urgence écologique de Nausicaa de la vallée du vent d’Hayao Miyazaki, une référence selon moi.
C’est aussi le style graphique qui permet de faire le rapprochement : un dessin très « manga » en noir et blanc, mais quand même très détaillé. Même si la couleur aurait permis de clarifier certaines cases, le monochrome offre la possibilité de jouer sur les contrastes (voir l’illustration de la quatrième de couverture).
Ce one-shot est conçu en 2 parties (peut-être prévues pour une publication en 2 tomes), elles-mêmes découpées en 5 chapitres encadrés d’un prologue et d’un épilogue.
On ressent une certaine diversité de récits dans cet ouvrage : l’implication de nombreux personnages qui auraient pu être plus creusés ; des « récits dans le récit » non exploités ou trop peu développés…
Bref, à se demander si la forme du one-shot est un choix imposé par l’éditeur, ou un choix pratique afin de ne pas s’empêtrer dans le scénario, ou un véritable choix esthétique (il vaut mieux pencher en faveur de cette option), afin de laisser certains éléments à l’imagination du lecteur (surtout le background et la fin, assez ouverte).
Cela fait d’ailleurs partie du plaisir de cette lecture, de déceler plusieurs inspirations, et de se laisser aller à ses propres évocations.
Personnellement, j’ai aussi beaucoup pensé à La Quête de l’oiseau du temps de Serge Le Tendre et Régis Loisel : le voyage dans un monde médiéval fantastique peuplé de créatures jamais vues, des personnages un peu bourrus, une magie païenne liée à la nature…
Poussières n’est pas une BD à laisser de côté : elle renouvelle le genre en mélangeant des éléments d’héroïc fantasy, de médiéval fantastique et de SF, sur fond de paganisme et d’écologie, et nous sort un peu de nos habitudes de lecture.

 

Quatrième de couverture :
« Oberonn, « La forêt qui recouvrait tout », court un terrible danger. Les Airinites, étrange peuple technoïde, absorbent ses forces vitales et tuent par centaines les esprits chargés de la protéger.
Guidés par le vieux chevalier Torsechêne, Uzogi et Mimeya, enfants de l’Esprit-Mère, vont se lancer dans une quête essentielle pour la survie de leur planète. »