Du 18 au 23 novembre s’est tenue la 4ème édition du PIFFF. Edition personnellement décevante avec une programmation largement peu fantastique, mais plutôt étrange ou malsaine.

NIGHT CALL

Branché sur les fréquences radio de la police, Lou parcourt Los Angeles la nuit à la recherche d’images choc qu’il vend à prix d’or aux chaînes de TV locales. La course au spectaculaire n’aura aucune limite…

Comment survendre le film avant que tout le monde ne le voie? Le présenter comme le nouveau Drive et surtout changer le titre anglais… en titre anglais reprenant la célèbre chanson de Kavinsky. Voilà le tour est joué! Maintenant, quand on regarde vraiment le film et bien on se demande pourquoi un tel engouement.

Si on peut bien sûr saluer la performance de Gyllenhaal, qui est certes très troublante, mais pas non plus magistrale ainsi qu’une belle réalisation et une photo léchée, on aimerait bien savoir où est l’intérêt du film! Gyllenchall joue un nightcrawler, un job très américain qui consiste à filmer les pires scènes de crime pour les vendre au meilleur prix à une chaîne de news. Personnage pervers, manipulateur et égoïste, Lou n’a AUCUNE évolution durant 2h de temps! Horrible, il l’est jusqu’au bout. Pas une once d’empathie ni de sympathie pour le personnage que l’on regarde comme un monstre en cage.

A partir de là, quel est l’intérêt du scénario? Nous expliquer que les médias nous manipulent, ne nous montrent que les pires news pour faire monter la peur et la haine, monter les sujets et ne garder que le plus trash… Bon, qu’est-ce qu’on ne sait PAS??! Parce qu’avouez que ce point de vue n’est pas nouveau et que tout le monde se doute bien que les news sont manipulées pour nous retourner le cerveau, à nous pauvres asservis par la télé! Si en plus, on nous présente un psychopathe qui n’a aucun respect pour la vie humaine et qui n’a même pas l’intelligence d’apprendre de ses erreurs, le film tourne en rond et nous montre pendant 2h la stupidité humaine.

C’est un peu simple de bien savoir filmer et d’avoir une belle image avec des plans stylisés et une course-poursuite finale très réussie et de nous dire « y a pas de scénario, l’histoire n’est pas intéressante, mais vous allez voir j’ai un sacré point de vue! ». Dan Gilroy a déjà fait ce coup avec Reel Steel pour lequel il a travaillé sur le scénario où l’on se demande aussi quel est l’intérêt de l’histoire. Le bonhomme a pourtant écrit sur le brillant The Fall de Tarsem Singh où il nous offrait un point de vue bien plus pertinent (sur la folie et la maladie) que ce qu’il propose avec Night Call.

Certains crieront au génie, pourquoi pas. Mais enfin si le génie c’est comprendre le point de vue du réalisateur au bout de 10 mn et se farcir 1h50 du même point de vue avec les MÊMES scènes et ressortir sans aucune réflexion ni émotion ni (osons-le dire!) une once de divertissement et bien un film de génie ça peut finalement être bien chiant!

On préférera retenir la performance de Gyllenhaal dans Prisoners

WHY HORROR?

Tal Zimmerman, journaliste canadien spécialisé dans le cinéma fantastique, collectionne et entasse depuis sa prime enfance une quantité astronomique de fétiches (affiches, jouets, films…) liés aux univers horrifiques. Érigeant sa passion comme un véritable mode de vie, il tente d’analyser par divers prismes (culturel, sociologique, scientifique, folklorique…) les origines d’une passion fédératrice.

Zimmerman nous entraîne à la rencontre de l’Horreur et s’interroge sur le pouvoir de ce genre souvent décrié. Même si le journaliste se met beaucoup en avant (parents, souvenirs d’enfance, jeux avec son fils), il nous montre que l’horreur a toujours fait partie de notre culture et de nos traditions depuis le conte de fées, même depuis la Préhistoire où on se faisait peur sur les murs des grottes! Mais le plus étonnant, c’est le lien qui existe entre les pays grâce à l’horreur.

Le documentaire montre l’évolution de l’horreur sur tous les supports, jusqu’au jeu vidéo. Psychologues, sociologues et historiens se joignent à John Carpenter ou Romero pour décrypter le genre.

Certains passionnés diront qu’on sait déjà ce qui est énoncé dans le film: se faire et avoir peur est important pour le développement des enfants, avoir peur fait monter l’adrénaline, fait réfléchir sur la mort et évite à ceux qui en consomment de paniquer lors de situations critiques. Cependant, le film n’est clairement pas destiné aux fans de l’horreur et du fantastique (même s’il se regarde avec intérêt et plaisir lorsque l’on en est un!), mais bien à tous ceux qui pensent que l’horreur est un genre pour les dégénérés et les psychopathes. Le documentaire permet de remettre au point la vérité et d’analyser de façon scientifique le pouvoir de l’horreur.

Les interviews des psychologues et sociologues auraient mérité d’être plus longs afin de pousser plus loin la réflexion (notamment en termes neurologiques), mais Why horror? reste un documentaire intelligent et étonnant sur notre façon de consommer et d’apprécier ce genre.