Paris 2119, d’étranges petits drones planent partout dans Paris et partout dans le monde. Ils traquent systématiquement ceux qui passent dans la rue, qui franchissent certains espaces, rentrent dans le métro par exemple et les scannent pour les identifier. D’ailleurs qui va encore dans le métro à part Tristan Keys, qui lui, s’obstine et refuse ces nouveaux moyens de transports qu’il déteste. Le métro plus personne ne le prend, sauf quelques touristes pour le fun et quelques détraqués et marginaux de tout genre rejetés par cette société du futur encore plus inquiétante et dangereuse que la notre.

Si Tristan Keys, le héros principal de cet album somptueux, prend encore le métro qui circule toujours malgré sa désaffection, c’est que désormais la majorité des humains qui ont les moyens et l’autorisation de se déplacer le font avec Transcore : et Tristan n’a aucune confiance dans ce système de soit disant téléportation.

Le Paris de 2119, est donc un monde sous contrôle, dont les principaux déplacements se font par Transcore, soit en cabine privée pour les plus riches, soit en cabine collective, un peu comme des toilettes publiques aujourd’hui, et c’est aussi un monde dans lequel il pleut tous les jours depuis le programme de désinfection de l’atmosphère.

Tristan lui, vit avec la belle Kloé dont il est follement amoureux. Et Tristan comme pour le reste, n’aime pas la voir prendre Transcore pour ses voyages d’affaire.

La suite de l’histoire, je vous invite à la découvrir seuls, sachez que l’atmosphère de cet album est assez fascinante. D’une élégance folle, presque glacée, le monde dominant qui semble avoir perdu totalement le contact avec la réalité est illustré de manière somptueuse par Dominique Bertail. Le scénario nous montre un monde terrifiant avec une technologie de pointe qui semble répondre à nos rêves et trouver une solution pour sauver notre monde, mais qui l’est moins qu’il n’y paraît. Il nous montre un monde à deux vitesses, ceux qui sont intégrés dans ce monde, où la technologie et surtout le contrôle règnent en maître et les autres, qui vivent au fond des impasses, perdus, déshumanisés, non reconnus par les data center.

Le Paris de 2119, malgré sa façade glamour et sexy, fait froid dans le dos, surtout à partir du moment où Tristan va assister à certains évènements étranges et croiser la route de personnes qu’ils n’auraient pas dû rencontrer. A partir de là, le doute s’installe, la façade rutilante se lézarde et la réalité de ce monde va peu à peu s’imposer jusqu’au final que l’auteur (grâce lui soit rendue) a voulu ouvert sur l’espoir et le rêve.

Une histoire au scénario et aux illustrations totalement convainquant qui nous font passer un excellent moment dans un futur dont on ne sait plus très bien s’il est proche, lointain ou juste inaccessible.

Illustrations © Rue de Sèvres. Tous droits réservés. Merci