Posé devant l’écran, on peut tout à fait s’imaginer qu’à l’origine du film (énième variation sur le thème du Texan tueur à la tronçonneuse), il y a eu cette idée d’un Leatherface lâché tel un fauve dans un lieu clos et décimant pendant cinq bonnes minutes une population nombreuse, coincée à l’intérieur. La description est celle de la scène centrale du film, et il faut reconnaître qu’elle est mise en scène avec une passion communicative. Leatherface, donc, armé de son outil vrombissant qu’il manie avec dextérité, fait voler les membres et les têtes d’un contingent de personnages dont on se fiche d’ailleurs pas mal, vu que ce sont de simples silhouettes anonymes et hurlantes. Une séquence symbolique de l’esprit du film, qui ambitionne de marquer les esprits par la seule surenchère de gore.

Pari sanglant relevé — et le titre n’est pas mensonger ! —, mais c’est bien tout ce qu’on retient de positif après visionnement. Car la production est sinon passablement ridicule (le tournage a eu lieu en Bulgarie, et rarement un décor de cinéma n’a autant ressemblé à ça : à un décor de cinéma) et la volonté de rattacher à tout prix ce métrage à l’histoire originelle de Tobe Hooper (tel qu’ont déjà voulu le faire Texas Chainsaw 3D et Leatherface) ne débouche que sur une série d’incohérences. Un groupe de jeunes citadins met les pieds dans le patelin qui a vu naître Leatherface, lequel, cinquante ans après ses méfaits dans le premier film, serait toujours à l’œuvre, et il n’aurait pas vieilli ! On nous raconte aussi que le monstre a fréquenté un orphelinat, alors qu’on sait très bien (si on a vu le film de Hooper, justement) qu’il était un membre éminent de la famille cannibale Sawyer…

Le scénario aligne bien d’autres approximations, l’air de dire avec la plus grande désinvolture que les consommateurs de « contenu » auquel le produit s’adresse n’ont que faire d’une histoire bien ficelée (ni des quelques thèmes sociétaux que le script ne fait qu’effleurer). Rien de rien qui tienne debout, à part Tronche-de-cuir, increvable, dont le visage masqué, le mutisme et la résistance quasi surnaturelle à toutes les blessures font de lui le jumeau sudiste de notre cher Jason de Crystal Lake. À la prochaine, mec.

Film disponible depuis hier, 18 février, sur Netflix.