Certains jeux, comme D&D ou Vampire, sont fortement centrées sur les personnages. Dans d’autres, c’est l’univers qui prime. Mais dans l’Appel de Cthulhu, l’univers n’est qu’un élément de contexte commun (de nombreux autres lieux et époques que les années 20 ont d’ailleurs été explorées) et les PJ sont bien plus jetables que dans dans les autres jeux – leur taux de mortalité est d’ailleurs bien connue. Car l’Appel de Chulthu, c’est avant tout une histoire, ou des histoires, ce qui explique la prépondérance essentielle des suppléments de type scénario ou campagne dans cette gamme.
 
Après Secrets de New-York, Sans Détour s’attaque donc fort logiquement à une campagne, les Oripeaux du Roi. A la demande d’un collègue, les PJ vont étudier le cas d’un personnage interné dans un asile. Ce point de départ les emmènera sur la piste sanglante d’un culte en divers lieux de l’Empire Britannique, de Londres au Népal en passant par l’Inde.
 
Comment donc se situe cette campagne au sein d’une gamme qui n’en manque pas (quoiqu’aucune ne soit encore éditée en VF) ? Clairement dans le tout haut du panier !
 
Les Oripeaux du Roi est un peu plus linéaire, et de fait beaucoup moins complexe que l’immense Masques de Nyarlatothep. Cela tient aussi à ses extraordinaires qualités de forme ; elle est parfaitement écrite, très bien organisée et découpée, assortie des aides de jeux et des conseils nécessaires à sa mise en place par le MJ avec le minimum de douleurs. La page de résumé qui introduit chaque épisode, apporté par la V.F., se révèle diablement efficace pour suivre le fil de la campagne sans se perdre.
 
Elle n’est cependant pas aussi dirigiste que Terreur sur l’Orient Express, et se révèle plus homogène sur le fond. Aucun scénario, aucun passage ne se révèle vraiment faible, même si l’on reste en terrain connu pour du Cthulhu.
 
Elle est donc plus classique qu’un Beyond the Mountains of Madness, une campagne relativement déroutante pour qui est habitué à la structure des aventures de l’AdC. Si cette dernière devrait aussi être traduite par Sans Détour, le choix de commencer les Oripeaux est donc tout à fait judicieux. Voilà sans conteste l’une des campagnes de Cthulhu les plus réussies enfin disponible en français !