Le Tigre est l’un des premiers textes de Joël Dicker, écrit vers l’âge de 19 ans. Un auteur depuis devenu célèbre, notamment avec la vérité sur l’affaire Harry Quebert. C’est avec plaisir qu’on retrouve ce premier texte. L’histoire se déroule au tout début du XXème siècle en Russie, le tsar vient de promettre une récompense à qui débarrassera le pays d’un monstre tueur qui égorge ses victimes et les laisse déchiquetées. Le jeune Ivan Levovitch va comme nombre d’hommes attirés par l’or promis se lancer dans les plaines de Sibérie à la recherche du monstre.

Au fil de l’histoire l’auteur nous piège, nous envoute en mettant patiemment en place les pièces du puzzle. La tension monte, la liste des victimes s’allonge et la peur insidieuse s’immisce entre les pages. Joël Dicker construit un univers à la fois glaçant dans lequel viennent émerger des îlots de chaleur, dans ces isbas isolées ou de pauvres hères se terrent en attendant la bête.

Ivan lui cherche patiemment, suit les différentes pistes, puis doute alors que les rumeurs de la fin de la chose s’annoncent. Pourtant, il est encore là et peu à peu le moteur de ce qui fait tuer apparaît, et Ivan va chercher à piéger l’animal.

Ce court texte de presque soixante pages embarque littéralement le lecteur dans les vastes plaines glacées de Sibérie. L’auteur parvient à en restituer l’ambiance et le froid, mais aussi à nous entrainer entre réalité et rumeur, entre monde réel et limite du surnaturel. La fin étonnante évoque les tiraillements de bien des hommes face à la vie, à la mort et aux décisions cruciales qu’il faut parfois prendre au risque de se tromper.

Un petit texte magnifiquement écrit, porté par les illustrations de David de las Heras illustrateur espagnol qui donne un supplément d’âme à ce texte si particulier et envoutant. Le format cartonné, album, du livre offre à ses illustrations (la jaquette est superbe) mais aussi à l’intérieur et pour la très belle couverture un espace où déployer tout le talent de l’artiste. Nul doute que Joël Dicker soit un conteur hors pair.