Le Sang des Parangons  marque le retour de Pierre Grimbert à la Fantasy. Le monde s’effondre peu à peu et la civilisation des humains semble arriver à son terme. Les dieux ont-ils abandonné cette terre ? Sont-ils endormis ? Chaque groupe, royaume, confrérie religieuse va alors envoyer un dernier groupe de héros chargés d’entrer dans la montage sacrée afin d’aller à la rencontre des divinités, de les réveiller si besoin et surtout de les supplier de remettre le monde en ordre de marche avant qu’il ne soit trop tard.

Les premiers chapitres nous entraînent au pied de la montagne juste avant que les héros n’y pénètrent et nous permettent de faire la connaissance d’un certain nombre d’entre eux. Peu à peu les esprits s’échauffent, tous
ou presque s’accusant de complots, de desseins peu recommandables, de chercher la gloire éternelle. Les abords de la montage sont cependant peu attirants et peu rassurants quant au sort éventuel qui pourrait les attendre à l’intérieur, avec un charnier que personne n’ose bouger et constitué des corps des anciens parangons rejetés desséchés par la montagne ou on ne sait quelle force obscure. Malgré ces conditions peu engageantes, alors que le monde se meurt, le dernier groupe s’engage en ayant auparavant discuté ferme pour savoir qui devait rentrer le premier. Dès l’entrée Adan qui remplace son vieux maître mort au pied de l’épreuve, Uanahu reine de l’île du Bord-du-Monde ; Borj ; Loneil et Sehiris ; la petite Naën, accusée de détrousser les cadavres alors qu’elle cherche son frère disparu dans la montagne depuis deux ans ; le prince Vidrien IV et bien d’autres encore (dont vous ferez pour certains la connaissance au fil des épreuves qui les attendent) se retrouvent dans un monde sombre, inquiétant, terrifiant à l’ambiance oppressante. Car quelle route mène au palais des dieux ? Comment s’y rendre le plus vite possible ? Dès les premières pages les querelles reprennent, les clans se renforcent et divisent pour savoir si une cheminée découverte peut être le meilleur moyen de rejoindre le centre de la montage. Les Parangons vont ainsi se diviser et prendre des chemins différents.

Vous raconter les détails n’aurait pas d’intérêt et vous priverait du plaisir de la découverte. Juste vous dire que Pierre Grimbert crée tout un monde qui court à sa perte (on n’en a pas les détails), des candidats à la gloire résignés ou excités à l’idée du pouvoir et de la richesse envisagées, les plans et les divisions des uns et des autres, les jeux d’alliances, de rivalités, et ce cœur de montagne terrifiant qui suinte la mort et le désespoir. Rien dans ces salles ou ces couloirs ne sera épargné aux Parangons qui, pour certains, sombreront dans la folie, tandis que d’autres connaitront une fin tragique car les couloirs et les grottes sont habités par des créatures toutes plus cruelles et affamées les uns que les autres, sans parler de phénomènes étranges et mortels. 

On découvre au fil des chapitres et des destins d’autres personnages que ceux aperçus au départ, on s’attache à certains et on craint pour leur vie. Les derniers survivants parviendront-ils au cœur de la montage ? Les dieux sont-ils là ? Encore là ? Existent-ils vraiment ? 

Pierre Grimbert  tisse une toile prenante qui révèle les caractères, les angoisses, les questions qui se posent désormais aux uns et aux autres et apportent un final étonnant. Un excellent titre particulièrement difficile à lâcher une fois qu’on est entré dans le récit. Un excellent roman à dévorer et partager.