À l’occasion du quatrième Festival du jeu de rôle de Kaysersberg en Alsace (Haut-Rhin), Khimaira a rencontré Yannick Laumonnerie, président de la nouvelle association Nickel.

Khimaira: Bonjour, Yannick.
Yannick Laumonnerie: Bonjour et bienvenue en Alsace.

K: Avant de parler du festival, quelques mots sur vous, peut-être?
Y.L.: Je suis joueur depuis 1994 où j’ai surfé un moment sur la vague Magic, the Gathering avant de m’engager dans Warhammer Battle. Ensuite, j’ai fait un petit tour par la case Jeu de Rôle sur table pour finir dans le Grandeur Nature. Je me suis découvert une réelle passion de bricoleur/bidouilleur d’objets, d’armures et autres accessoires pour ces jeux à taille réelle. Avec l’expérience, j’ai éprouvé le désir de transmettre ce que j’avais appris afin que la nouvelle génération en profite. Tout naturellement, j’anime des ateliers d’initiation, mais aussi des soirées jeux. Au festival, je tiens la Forge qui ne désemplit pas!

K: Vous êtes donc le président de l’association Nickel chapotant l’organisation du festival du jeu de rôle de Kaysersberg qui prépare, déjà, sa quatrième édition du 17 au 18 avril 2010. Pouvez-vous nous parler de la genèse de cette association?
Y.L.: Nickel c’est d’abord le nom de la mascotte du festival depuis la première édition. Mascotte créée par Laurent Denni et dont l’histoire se trouve sur le site du festival (http://www.jdr-vkb.net). Il était donc naturel d’en reprendre le nom pour l’association.
  En fait, Nickel est surtout un regroupement d’associations locales ou régionales. Né suite à la troisième édition, il prend la relève pour ce quatrième opus. Outres les membres de l’Office du Tourisme de la vallée et des personnes indépendantes impliquées depuis le début dans l’organisation du festival, Nickel rassemble Ragnar’Ork, les Zorgagas, les Guerriers des Faux ainsi que la Horde qui a récemment rejoint l’équipe. Nous sommes tous associés en un seul but: continuer à promouvoir le jeu de rôle sous toutes ses formes auprès d’un large public. La vallée de Kaysersberg devient une terre d’accueil pour les joueurs, mais aussi pour les curieux.

K: Quel ont été les retours des premières années de cette manifestation? Comment ont réagi les experts, mais, surtout, ceux qui ne connaissaient pas ce genre de jeu?
Y.L.: Le premier festival était un prototype, une ébauche, un test grandeur nature (sans jeu de mot). S’il a permis à des joueurs de se rencontrer pour des parties intimistes, il a surtout démontré la grande curiosité du public pour les jeux de simulation en général. Aussi, au fil des années, le Festival de Kaysersberg s’est recentré sur les visiteurs, sans oublier les joueurs, bien évidemment. Il est vraiment devenu un festival et non pas une convention.

K: C’est à dire?
Y.L.: Dans une convention, les joueurs se rencontrent entre eux, pour échanger, discuter, et jouer, bien sûr. Les éventuels visiteurs ne peuvent que regarder et donc rarement poser des questions pour ne pas déranger les parties en cours. Un festival comme celui de Kaysersberg est totalement ouvert. Le public intéressé mais néophyte peut y glaner toutes les informations ou les renseignements qu’il désire. Quant aux connaisseurs, ils y trouvent suffisamment de tables pour jouer jusqu’au bout de la nuit.

K: Revenons au festival, si vous le voulez bien.
Y.L.: Oui. Après la traversée du désert subi par les Jeux de Simulation suite à de rares faits divers ayant défrayés la chronique, seuls quelques organismes ont repris le flambeau. L’Office du Tourisme de la vallée de Kaysersberg a été parmi les rares à voir le jeu de rôle comme ce qu’il est réellement: un loisir à part entière, source de rencontres humaines et de dépaysement. Je le remercie pour cela car c’est grâce à cette équipe motivée que le festival a vu le jour et va souffler sa quatrième bougie.

K: Vous y tiendrez toujours la Forge à armes pour Grandeurs Nature?
Y.L.: Sans hésitation! Je l’anime depuis le premier festival. Au début, l’idée était d’y expliquer la fabrication d’accessoires pour GN. Armes, armures, objets divers, le tout réalisé avec une grande part de récupération. Rien ne se jette, tout se transforme! À mon grand étonnement la première année, les visiteurs posaient bien plus de question sur le jeu de rôle en général que sur le GN ou mes réalisations. Je me suis donc retrouvé à expliquer les jeux de simulation en globalité, et non pas seulement mon rayon. Ceci dit, je ne me plains pas, j’adore cela. Oui, la Forge ne désemplit jamais et mes journées y sont bien remplies. Un pur bonheur!

K: Quel sera le programme de ce quatrième opus du festival?
Y.L.:
Vaste question. L’une des premières choses que le public découvrira en franchissant les portes de la ville sera l’association les Zorgagas. Ils vont animer dans les rues de Kaysersberg un jeu grandeur nature scénarisé en interaction avec les visiteurs. Mieux encore, ils reprendront l’histoire mise en suspend à la fin du troisième opus du festival. L’année dernière, le scénario s’était arrêté sur un gel des protagonistes provoqué par la reine des glaces. Tout recommencera donc de ce point. Mais que celles et ceux qui n’étaient pas présent en 2009 se rassurent, ils pourront bien vite se mettre dans l’ambiance.
  Comme les années précédentes où leur enthousiasme a fait plaisir à voir, les enfants ne seront pas oubliés dans le festival. Ils auront la possibilité de participer à une aventure dans un monde féerique en compagnie des personnages fantastiques joués par les membres des associations Guerrier des Faux et la Horde. Ces derniers animeront la place de la mairie avec des contes et des histoires interactives. En parallèle, les Guerriers des Faux seront au château et dans les rues afin de communiquer leur bonne humeur.
  Une Murder Party sur le thème de la Prohibition sera orchestrée par Ragnar’Ork le samedi soir. Un «tripot clandestin» sera animé l’après-midi pour permettre aux visiteurs d’avoir un aperçu de ce qui les attendra le soir en s’inscrivant à la soirée enquête. Mais aussi bon nombre de parties sur table (Warhammer, Dark Hérésie, l’Appel de Cthulhu, etc.), jeux de figurines animé par la boutique Games Shop et l’association Communauté du Rempart. Sans oublier la présentation d’un jeu Québécois (Ex-illis) dans la salle de l’Arsenal.
  Il y aura également le Marché du Festival. Cette année, cinq exposants présenteront des produits tel que vins médiévaux, salaisons, fromages régionaux, ainsi que de l’artisanat comme la maroquinerie et les arts de la table médiévale. Comprenez la vaisselle et autres ustensiles.
  Et bien sûr, la salle de l’Arsenal abritera un vendeur de jeux, une exposition artistique, un peintre sur figurines et d’autres animations de démonstrations/explications. Pour tous les goûts!
  N’oublions pas la librairie Bakaneko qui orchestrera un tournoi de cartes Yu-Gi-Oh le dimanche après-midi.

K: Comment se porte le jeu de rôle en France? En trois années, avez-vous remarqué une évolution?
Y.L.:
Fort heureusement oui. Au début, public et journalistes ne comprenaient pas grand chose à ces «drôles de jeu». Pourtant, à force de voir tant de bénévoles ouverts aux questions, une avancée positive s’est engagée. Et, à présent, le courant passe entre les médias, le public et les joueurs.
  En ce qui concerne la France, il est vrai que le jeu de rôle, voire le jeu en général, y fait office de parent pauvre. Surtout lorsque l’on voit les moyens mis en œuvre au Québec ou en Scandinavie, par exemple. Sans oublier l’Allemagne. Nous sommes très en retard par rapport à ces pays. Néanmoins, le fait même que notre modeste festival perdure laisse présager un futur agréable.

K: Comment participer au festival?
Y.L.:
En s’inscrivant via le site dédié http://www.kaysersberg.net/jdr/programme.htm, voire, beaucoup plus simple, en venant directement sur place. Il y aura toujours de la place pour tous les joueurs et quelqu’un pour répondre aux questions des visiteurs.

K: En vous remerciant de votre accueil. Khimaira souhaite longue vie au festival.
Y.L.:
Merci à vous et venez nombreux!