« Acceptez, chers amis, que je m’adresse à vous tels que vous êtes vraiment. Des sorciers, de belles sirènes, des voyageurs, des aventuriers et des magiciens. Je vous invite à rêver avec moi. »

L’album débute par cette jolie citation de Georges Méliès, incarnant à merveille le Monsieur Loyal des salles obscures.

La lanterne magique nous plonge dans un univers graphique et fantastique où Oslo, petit garçon débrouillard et inventif, décide un beau jour de concevoir dans son atelier une machine capable de créer des images vivantes. Il décide de bricoler une boîte, munie d’une ouverture, à l’intérieur de laquelle est enfermée une lumière. Une plaque de verre, où un motif a été peint, est placée devant l’ouverture afin que l’image soit projetée dans toutes les directions et sur tous les supports.

Anne-Gaelle Balpe, à qui l’on doit l’album Gris paru chez Alice Éditions au début de l’année 2013 et aussi le roman Je suis un autre (tome 3) paru chez le même éditeur, nous narre fort poétiquement les prémices de ce qui deviendra le cinéma.

Simon Moreau, qui s’est déjà illustré avec Les petits souliers de nulle part (Grenouille Éditions, 2012) et L’ogre bleu et autres contes malicieux (Micmac Eds, 2012), possède un trait de crayon tout en rondeur, sa manière à lui de tordre légèrement le regard du lecteur afin que nous puissions retrouver nos yeux d’enfant. Autre particularité de l’illustrateur, lorsque Oslo travaille dans son atelier, il semble toujours baigner dans une flaque de lumière comme s’il était le centre d’attention. Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de ce point focal, la clarté disparaît, les objets et le décor deviennent flous : usant du même principe qu’au cinéma en fin de compte.

Cette Lanterne permet de passer un agréable moment en compagnie de ce petit garçon loufoque et fort ingénieux. Après avoir refermé ce livre, on n’a qu’une envie : sortir un drap blanc, une lampe de poche et s’amuser à créer des ombres chinoises. Un pur moment de bonheur que je conseille à tous.